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La fin du monopole social redonne ses chances à la France

3/5/03 Claude Reichman
La fin effective du monopole de la Sécurité sociale, que vient de consacrer le jugement du Tribunal de Grande Instance de Nîmes, va avoir des conséquences incalculables sur l'organisation de la société française. Car bien au-delà du seul problème - déjà considérable - du coût de la protection sociale, cette réforme, rendue obligatoire par les choix européens faits par notre pays, va bouleverser notre fiscalité, notre système éducatif et, de manière plus générale, l'équilibre démographique de la nation, ainsi que son fonctionnement politique. Libres de s'assurer comme ils l'entendent pour la maladie, la retraite et le chômage, les Français vont bien entendu faire jouer la concurrence, ce qui se traduira, comme en tous les domaines où celle-ci a été introduite, par une très forte baisse des prix. Il faut savoir en effet que la Sécurité sociale est l'assureur le plus cher du monde et qui offre les prestations les plus médiocres pour le prix qu'elles coûtent. Le revenu disponible de nos compatriotes va donc augmenter substantiellement. Mais ils vont alors avoir à faire face à la fiscalité confiscatoire qui sévit en France. Cela provoquera en eux une indignation et une colère si fortes que les politiciens seront contraints de baisser l'impôt sur le revenu à due concurrence des sommes supplémentaires dont disposeront les ménages. Se trouvant désormais à la tête de rémunérations largement augmentées, les Français décideront alors de revoir leurs conditions de vie. A commencer par le travail des femmes. Il faut savoir que la plupart des mères de famille qui prennent ou conservent un emploi ne le font, au moment où elles ont de jeunes enfants, que pour augmenter les ressources du ménage, rendues insuffisantes par les prélèvements sociaux exorbitants auxquels sont soumis les salaires et autres revenus du travail. Disposant enfin d'un véritable choix de vie, elles pourront soit décider de rester chez elles pendant le temps nécessaire pour donner l'envol à leurs jeunes enfants, soit d'utiliser leurs ressources améliorées pour les faire garder dans les meilleures conditions.

Une nation de propriétaires

Inutile de dire que l'école aura à faire face, de la part des parents, à un questionnement autrement plus insistant qu'aujourd'hui, où elle est avant tout un lieu de gardiennage dont les familles ne peuvent se passer si les deux parents travaillent. Il faudra que notre système scolaire redevienne enfin le lieu d'instruction qu'il n'aurait jamais dû cesser d'être. Et s'il ne sait pas se réformer, inévitablement il explosera au profit de structures plus petites, plus légères, dans lesquelles l'élève sera considéré comme une personne digne d'estime et méritant les meilleurs efforts des maîtres, tandis que les parents retrouveront toute leur influence sur le mode d'enseignement que reçoivent leurs enfants et sur le contenu de celui-ci. C'est alors, et alors seulement, que l'envie reviendra aux Français d'avoir des enfants. On ne mesure pas encore à quel point la Sécurité sociale que-le-monde-entier-nous-envie a fait tort à la natalité dans notre pays. En rendant les femmes esclaves du marché du travail, elle les a détournées de leur vocation de mère. Sans se plaindre, les Françaises exercent aujourd'hui trois métiers, tandis que leur mari n'en a qu'un. Elles doivent faire face à leurs obligations professionnelles, à la tenue de leur foyer et à l'éducation de leurs enfants ! Qu'on s'étonne après cela qu'elles y réfléchissent à deux fois avant d'envisager une nouvelle naissance ! Disons-le avec force : la situation des femmes en France est indigne d'un pays civilisé. Et nous sommes en train de payer au prix fort cette situation moyenâgeuse (encore qu'au Moyen Age la femme fût infiniment plus respectée qu'aujourd'hui), par la véritable dépression démographique que subit notre pays, qui voit des immigrés venir en masse remplacer les enfants que nous n'avons pas pu ou voulu faire. Le goût de l'avenir reviendra aussi à nos compatriotes, que l'insuffisance de leurs ressources condamne à la seule gestion du présent. Il va redevenir possible d'investir et la France ne sera plus une nation d'assistés mais de propriétaires, qui auront soin de leur pays parce qu'ils voudront assurer la sécurité et la pérennité de leurs biens. La politique reprendra alors tous ses droits. Un citoyen accablé d'occupations et de charges ne peut s'y intéresser. Il l'abandonne, comme c'est le cas à présent, à une caste spécialisée qui n'a dès lors pas d'autre souci que de piller la nation à son seul profit et est prête à toutes les manipulations, à tous les mensonges, à toutes les tricheries pour conserver une situation aussi avantageuse. La classe politique française a su éliminer toute concurrence en soumettant le peuple au joug d'un système social et fiscal oppressif. C'est ce que je démontre dans mon dernier ouvrage, " Le secret de la droite ". A la lumière de ce qui précède, on comprend aisément pourquoi la grande alliance des abusifs et des prébendiers s'est battue férocement pour empêcher et retarder la grande réforme de la protection sociale, pour laquelle nous avons lutté depuis douze ans. Ils ont perdu, et nous avons gagné. Mais à leur différence, ce n'est pas pour nous que nous nous sommes battus. Seul l'amour de notre pays a guidé nos pas.

Claude Reichman

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