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22/11/09 Claude Reichman

Ceux qui ignorent que la fête est finie !

Provocation ! Horreur ! Irresponsabilité ! La classe parlante a manqué de mots pour exprimer sa réprobation et sa condamnation de la distribution publique d’argent organisée par une entreprise Internet pour se faire de la publicité. Mais curieusement personne, parmi ces censeurs, n’a été frappé par une étonnante ressemblance. Car enfin, ce que cette société a tenté de faire (elle y a finalement renoncé en raison de l’émeute provoquée par l’opération), c’est exactement ce que l’Etat fait tous les jours.

Et à une échelle gigantesque, puisque ce n’est pas moins de 1120 milliards d’euros qu’il distribue chaque année. Sans pour autant éviter les émeutes : il y en a tous les jours dans les quartiers dits « sensibles » ou « de non droit », et il se brûle plus de 50 000 voitures chaque année en France, sans oublier que ceux à qui la meilleure partie du gâteau est distribuée – à savoir les fonctionnaires – multiplient à longueur d’année les « journées d’action », ainsi dénommées parce qu’elles sont précisément consacrées à l’inaction !

Aucune société fondée sur la rapine et la distribution du butin ne peut survivre. La rapine est exercée par les hommes de l’Etat sur tous ceux qui travaillent et sur tous ceux qui ont travaillé et fait quelques économies. Et le butin est réparti entre tous ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas travailler, et dont un nombre sans cesse croissant afflue vers nos rivages afin de prendre sa part de la manne, exactement comme les 7 000 personnes qui se sont précipitées au Champ-de-Mars dans l’espoir de rafler quelques billets de banque.

La France est la seule parmi les pays développés, à s’être ainsi organisée (« désorganisée » serait plus approprié). Et elle a fini par s’y briser. Car ce que nous disons depuis de longs mois est maintenant avoué par les technocrates qui nous gouvernent : la crise, se surajoutant à la dérive des trente-cinq dernières années, a brisé le tissu économique français. Autrement dit la thèse du déficit conjoncturel qui affecterait actuellement notre pays et qui, la crise passée, s’effacerait de lui-même, a volé en éclats.

Nous sommes bel et bien passés à une nouvelle phase structurelle, celle d’un déficit qui n’a pas la moindre chance - sans de vraies réformes - de descendre au-dessous de 5 % du PIB, et notre croissance potentielle n’est plus que de 1 % au lieu de 2,1 % avant la crise. Autant dire que nos entreprises vont continuer de s’effondrer et le chômage d’augmenter.

Ce qui est en cause, c’est l’excès de dépenses publiques. La France en est à 56 % du PIB et elle doit impérativement les diminuer de 10 points si elle veut s’en sortir. Dépenser 200 milliards d’euros de moins chaque année, tel est donc l’impératif. Cela revient à diminuer de 20 % les dépenses de l’Etat, des collectivités territoriales et des organismes sociaux. Aucun homme politique actuel n’ose le dire, ni même le penser. Ils seront donc tous brisés par ce que Prévert appelait « les terrifiants pépins de la réalité ».

Pourquoi des hommes et des femmes généralement intelligents et ayant fait de bonnes études sont-ils à ce point inconscients ? Est-ce le pouvoir – ou son attrait – qui les aveugle ? L’ambition leur a-t-elle fait perdre le sens commun ? Au fond, peu importe la cause, seul le résultat compte, et il est accablant : nos élites ont trahi et vont disparaître dans le grand tsunami qu’on voit poindre au proche horizon français.

Pourtant, il y en a encore parmi eux qui se préparent aux plus hautes destinées et il ne manque pas de plumitifs ni de bavasseurs dans les médias pour se pourlécher de ces pitoyables menées. Scott Fitzgerald avait bien montré ce qui se passe quand une époque bascule : on trouve toujours des gens pour venir participer au bal. Mais comme il l’écrit de l’un d’eux à la fin de Gatsby le Magnifique : « Il ignorait que la fête était finie » !

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.


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