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" Faut-il interdire le Front national ? "

21/2/04 Claude Reichman
Tel était le titre d'une émission diffusée il y a quelques jours par LCI, la chaîne d'information continue qui est la vitrine politique de TF1. Que s'est-il passé dans l'actualité qui rendît opportun un tel débat ? Hormis les démêlés de Jean-Marie Le Pen avec les formalités nécessaires à la validation de sa candidature aux élections régionales en Provence- Alpes-Côte d'Azur, le parti politique que celui-ci préside n'a pas particulièrement défrayé la chronique, pas plus qu'il ne s'est rendu coupable de quelque fait susceptible de mettre en péril la démocratie. De façon générale d'ailleurs, le Front national a pour activité majeure sa participation aux diverses élections politiques, ainsi que celle, assez rare, de son principal dirigeant, à des émissions de radio ou de télévision. Alors puisqu'il ne fait rien d'autre que ce qui entre dans les attributions normales d'un parti politique, il faut chercher ailleurs la raison pour laquelle la question de son interdiction surgit brusquement dans l'actualité. Et il n'est pas nécessaire d'aller chercher très loin. C'est évidemment le problème de l'immigration qui est en cause dans cette affaire.

On sait que le Front national a fait de ce sujet le thème principal de sa prédication. Pour les autres partis politiques et pour les médias, il s'agirait d'une sorte d'obsession malsaine, traduisant des pulsions inavouables et introduisant des éléments de dissolution dans la communauté nationale. Il ne faudrait pas pousser beaucoup les politiciens et la majorité des journalistes pour leur faire dire que sans le Front national, il n'y aurait pas de problème d'immigration en France. De même considèrent-ils que les millions de voix recueillies par ce parti aux élections et la présence de son président au deuxième tour de l'élection présidentielle de 2002 ne sont le résultat que d'une déformation de la réalité et d'une propagande mensongère par une organisation dont le but inavoué serait d'abattre la République.
Si tel était le cas, on ne pourrait que s'interroger sur le fonctionnement de la démocratie dans notre pays. Les Français ont accès a des centaines de journaux, à des dizaines de chaînes de radio et de télévision qui tous et toutes leur expliquent qu'il n'y a aucune augmentation de l'immigration dans le pays et ils s'obstinent en grand nombre à croire plutôt Jean-Marie Le Pen qui leur dit le contraire.

Nier le problème à défaut de pouvoir le résoudre

En vérité, le président du Front national ne dit rien d'autre que ce que nos compatriotes peuvent constater tous les jours par eux-mêmes, sauf s'ils vivent dans les palais nationaux ou dans les salles de rédaction des principaux médias. Et c'est bien la raison pour laquelle l'abstention aux élections ne cesse de croître et la crédibilité de la presse de diminuer. Le voilà, le problème posé par le Front national. Comme dans le poème de Prévert, la France officielle s'efforce de peindre une belle pomme et Le Pen qui passait par là prend le fruit, le croque et il n'en reste plus que " les terrifiants pépins de la réalité ".
Jean-Marie Le Pen a surgi au premier plan de la vie politique française il y a tout juste vingt ans, au moment où le socialisme et l'immigration de masse, alimentée par les dispositions facilitant le regroupement familial, commençaient à créer de gros problèmes au peuple. Celui-ci voyait son niveau de vie diminuer et les quartiers où il habite subir les premiers et graves effets de l'insécurité. Mais le Front national n'aurait pas fait sa percée dans l'opinion et dans les urnes sans le " recentrage " de Jacques Chirac qui avait, jusque-là, voulu donner l'image d'un homme de droite, énergique et contempteur des dérives socialisantes de Giscard, et qui, convaincu par son entourage qu'on ne peut être élu président de la République qu'en se situant politiquement au centre, avait brusquement changé son comportement et son discours, créant sur la droite de l'échiquier un vide que Jean-Marie Le Pen s'était empressé de combler.

Qui peut prétendre qu'en vingt ans les choses se soient, à cet égard améliorées ? Le socialisme, sans cesse aggravé par la gauche et scrupuleusement maintenu et renforcé par la fausse droite, a fini par détruire la substance économique de la France, massacrant ses entreprises, semant sous ses pas un chômage de masse, désarticulant la cohésion sociale, tandis que l'immigration, dont il est prouvé par les chiffres les plus officiels mais aussi les moins avoués, qu'elle a sans cesse augmenté, au point d'atteindre aujourd'hui le chiffre effarant de 400 000 entrées supplémentaires d'étrangers en France par an, auxquelles il faut ajouter les naissances, ce qui porte à environ 500 000 le nombre des personnes qui, tous les 365 jours, s'installent chez nous, changeait en profondeur la composition et les habitudes de vie de la population de notre pays. Comment celui-ci ne serait-il pas gravement déstabilisé par cet afflux qu'il est incapable d'intégrer et à plus forte raison d'assimiler, tant le socialisme et le laxisme ambiant ont détruit les structures qui faisaient la force de la France ?

Alors, comme le système se montre définitivement incapable d'enrayer le mécanisme infernal qui entraîne notre pays vers l'abîme, il lui faut de toute urgence nier le problème à défaut de pouvoir le résoudre. C'est pour cela qu'il songe de plus en plus à interdire un parti dont l'existence suffit à elle seule à faire éclater au grand jour le mensonge permanent et la désinformation qu'une classe politique et médiatique perverties tentent d'imposer au pays. Et c'est pour cela que LCI a organisé un débat sur ce thème. Une mauvaise action.
Cette chaîne de télévision, et toutes les autres, feraient mieux, si elles voulaient être dignes d'estime, d'organiser des séries d'émission où des intervenants réellement compétents et de bonne foi débattraient de la réalité des problèmes et proposeraient leurs solutions qui, contrairement à ce qu'on veut faire croire aux Français, existent et ont réussi partout dans le monde. Mais pour cela il faudrait fâcher la petite cohorte de bavards professionnels,creux et malintentionnés qui encombrent les ondes et les écrans à longueur de journée. Cela vaudrait pourtant beaucoup mieux que de fâcher à ce point le peuple. Qui finira un jour ou l'autre par tout balayer sur son passage.

Claude Reichman

 

 

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