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Raffarin réclame l'euthanasie

11/10/03 Claude Reichman
Référendum ou pas référendum ? La classe politique française est fascinée par cette consultation du peuple comme le lapin par le cobra. Il s'agit bien sûr de l'approbation de la future constitution européenne qui va - peut-être - sortir des travaux de la conférence intergouvernementale de Rome. Si l'on peut penser que dans la plupart des pays de l'Union européenne, le oui est en mesure de l'emporter, il n'en va pas de même en France, loin de là. Et l'enjeu est de taille, puisqu'un vote négatif dans un seul pays condamnerait l'ensemble du projet. La France serait-elle plus antieuropéenne que ses quatorze - et demain vingt-quatre - partenaires ? Certainement pas. Mais elle est assurément le pays où la démocratie est le plus confisquée et où par conséquent le pouvoir a le plus à craindre de l'expression du peuple. Et l'on peut tenir pour certain que celui-ci ne ratera pas l'occasion, s'il est consulté par référendum, de faire connaître sa réprobation à ceux qui le dirigent depuis trois décennies, à savoir la coalition de la gauche et de la fausse droite.
La façon dont l'Europe s'est construite, surtout depuis l'adoption de l'euro, suffirait à elle seule à fonder les craintes d'une victoire du non. Sans nous consulter, les gouvernements nous ont engagés dans la monnaie unique de façon aussi irréfléchie qu'imprudente. Et la grave crise économique qui accable aujourd'hui le cœur de la zone euro en est l'illustration éclatante. Certes, il n'y a pas crise de change entre les pays européens, mais les principaux d'entre eux sont enlisés dans une récession qui n'est pas encore - même si l'on y va tout droit - une déflation, alors que le secteur productif y a, quant à lui, déjà sombré. En d'autres termes, seules les dépenses de l'Etat - en France notamment - nous font pour le moment échapper à la déflation.
C'est dire à quel point la situation est malsaine. Car l'Etat ne peut durablement maintenir ses dépenses et encore moins les augmenter en ponctionnant l'économie - déjà presque exsangue - du pays. Et c'est bien tout le problème chez nous. Depuis près de trente ans, l'Etat n'a su répondre aux évolutions de la situation nationale et internationale qu'en prélevant et redistribuant de l'argent. Pas une seule réforme sérieuse de structure ne s'est faite pendant cette très longue période : un tiers de siècle ! Et ce alors que le monde n'a jamais changé aussi vite.

Un référendum serait une belle fin

Le désarroi des politiciens français - toutes tendances confondues - s'explique par leur passé. Ils ont tous été formés pendant et par ce que Nicolas Baverez a fort justement appelé " les trente piteuses ". On pense - mais en sens inverse - au tailleur de Fernand Raynaud si sûr de son excellence qu'il assénait à son client, qui croyait constater dans son costume en essayage " comme un défaut ", cette formule sans appel : " Moi, Monsieur, je voudrais faire un défaut que je ne pourrais pas. "
" Nos " politiciens - je vous les laisse si le cœur vous en dit - voudraient faire une réforme qu'ils ne le pourraient pas. Ils ne l'ont tout simplement jamais appris, et, pour les plus pervers d'entre eux, ils ne veulent en aucun cas modifier un système qui leur assure le pouvoir et ses immenses avantages.
Alors un référendum dans ces conditions serait pain bénit pour tous les opposants, et Dieu sait s'ils sont nombreux. C'est la raison pour laquelle il y a gros à parier qu'il n'aura pas lieu. Mais le pouvoir n'échappera pas pour autant à son heure de vérité. Et c'est bien l'inexorable approche de celle-ci qui fascine à ce point la classe politique. Elle est paralysée au point que la morsure fatale du cobra lui serait presque une délivrance. D'où ce véritable cri de détresse de Raffarin : "Un vrai Européen ne peut pas ne pas vouloir d'un référendum. On ne peut pas laisser cette question se régler entre l'UMP et le parti socialiste. " Mais, Monsieur le Premier ministre, le reste non plus ! Et c'est bien là le sens véritable de ce 21 avril que vous-même - et avec vous l'ensemble des politiciens et de la classe parlante - invoquez en permanence pour inviter les uns et les autres à en tirer la leçon. Vous savez bien qu'une caste ne se suicide jamais. On ne peut s'en débarrasser qu'en la chassant. Et au fond, c'est bien à cela que vous aspirez, tant vous vous savez illégitime et impuissant.
Alors oui, un référendum serait une belle fin. Meilleure en tout cas qu'une humiliante conduite de Grenoble, suivie d'on ne sait quelles violences et de quel chaos. Car c'est bien de tout cela qu'est menacée la France. Le peuple n'en peut plus d'être méprisé et pressuré. Il ne supporte plus qu'on lui mente en permanence. La vérité, Monsieur le Premier ministre, la vérité ! Vous souvenez-vous encore de sa saveur ? Il y a si longtemps que son goût puissant n'a pas irrigué votre gosier, purifié vos entrailles. Alors comme vous savez bien que votre organisme atrophié ne supporterait pas ce breuvage de vie, vous nous demandez de vous donner la mort. Et comme rien n'arrive jamais par hasard, vous le faites en plein débat sur l'euthanasie. Finalement, la solution qui a la faveur du corps médical et la mienne consiste à maintenir la vie aussi longtemps qu'on le peut, mais sans céder à l'acharnement thérapeutique. S'agissant de vous-même et de vos semblables en politique, il semble bien que plus aucun remède ne puisse désormais vous sauver.

Claude Reichman

Duhamel censuré à RTL

Editorialiste du matin à RTL, Alain Duhamel multiplie les prises de position antidémocratiques. C'est ainsi que le 8 octobre 2003, il déclarait à propos de l'élection d'Arnold Schwarzenegger au poste de gouverneur de Californie : " A quoi il faut ajouter toujours la vieille lune, éternelle, du sauveur venu de la société civile, comme si on pouvait improviser la capacité de gouverner, la connaissance des procédures des administrations et comme si on gouvernait un Etat comme on gouverne une entreprise. " Le lendemain, 10 octobre, Duhamel consacrait sa chronique à la déclaration du ministre de l'industrie, Nicole Fontaine, favorable à la mise en place de la troisième génération de réacteurs nucléaires, et la terminait en évoquant le fait que " Nicolas Hulot proposait hier ici même sur RTL un référendum sur le nucléaire ". Duhamel se disait alors hostile à un tel référendum au motif qu'il n'y avait pas en France dix mille personnes capables de prendre position sur un tel sujet ! La démocratie réduite à dix mille citoyens, cela vous a un furieux air d'oligarchie qui n'a pas dû plaire à la direction d'une radio qui se veut " populaire ". En tout cas cette phrase ne figure pas dans le texte de la chronique publié sur le site internet de la station.

 

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