www.claudereichman.com


Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme


L’Europe doit être tout entière avec l’Amérique

03/03/03 Claude Reichman
La France et l’Allemagne ne sont pas opposées à la guerre en Irak pour des raisons de principe. Sinon, elles auraient dû être hostiles à l’intervention de l’OTAN contre la Serbie, qui est elle aussi, que l’on sache, une nation indépendante et reconnue. Ce que craignent en réalité ces deux pays, c’est la réaction des fortes minorités musulmanes implantées sur leur territoire. De même, la Russie, qui s’est jointe au couple franco-allemand, a de gros soucis sur son flanc sud, occupé pour l’essentiel par des nations islamiques, et ne tient pas à voir s’ajouter de nouvelles difficultés à celles que provoque l’irrédentisme tchétchène.

Déjà, au Kosovo, il s’agissait de protéger les musulmans albanais d’une " épuration ethnique " qui, aujourd’hui encore, reste à prouver. En fait, l’Europe n’avait entraîné l’OTAN dans la guerre que pour se concilier les Maghrébins et les Turcs installés chez elle. C’est exactement pour la même raison que la France et l’Allemagne se sont faites les meilleurs défenseurs de Saddam Hussein et de son abominable régime. Du coup, ce qui saute aux yeux, c’est que notre pays n’a plus d’indépendance diplomatique en raison de sa situation intérieure.

Il n’était pas difficile de le prévoir, quand on voyait monter irrésistiblement le flot de l’immigration. Chacun sait, ou devrait savoir, que les problèmes surgissent quand le nombre d’allogènes atteint dix pour cent de la population. Ce chiffre est aujourd’hui largement dépassé dans la France métropolitaine. L’explosion de l’insécurité dans les banlieues – et de plus en plus dans les villes – en est l’évidente manifestation. Les attentats du 11 septembre ont été accueillis avec faveur par une majorité de musulmans installés chez nous. Les pouvoirs publics et les médias le savent parfaitement, mais n’ont jamais voulu l’admettre. Pour continuer de nier l’évidence, les uns et les autres ont adopté des attitudes anti-américaines ou pacifistes. De plus, Chirac, élu par la gauche, a des comptes à lui rendre et s’est aligné sur elle à tous égards, qu’il s’agisse de politique intérieure ou de diplomatie. Voilà le résultat du choix opéré par les partis de la droite modérée au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle. S’ils avaient refusé l’appui de la gauche, dont ils n’avaient en réalité nul besoin, la France serait aujourd’hui maîtresse de ses choix et de sa destinée, au lieu de devoir se plier à des pressions qui n’émanent pas de la majorité politique du pays.

Chirac a pris une responsabilité terrible

Les Américains ont payé, le 11 septembre, leur échec dans l’établissement de la paix entre Israël et les Palestiniens. Al-Qaida n’aurait pas trouvé de candidats au suicide pour monter dans les avions qui se sont écrasés sur le World Trade Center si de nombreux Palestiniens n’avaient pas auparavant décidé de se transformer en bombes humaines pour tuer le plus possible d’Israéliens. Les Etats-Unis avaient tout en mains, dès le début des deux présidences de Clinton, pour imposer la paix au Proche-Orient. L’effondrement du mur de Berlin et l’explosion de l’Union Soviétique leur laissaient enfin les mains libres, alors qu’ils avaient jusque là toujours trouvé les Russes sur leur route. Israël dépend entièrement des Etats-Unis pour sa sécurité. Les Palestiniens n’ont pu constituer une autorité indépendante qu’avec le soutien financier de l’Amérique et de l’Europe. Il fallait donc contraindre les uns et les autres à finaliser leurs pourparlers de paix, arrivés au bord d’un accord définitif, en exerçant sur eux de fermes pressions. Celles-ci ne se sont jamais vraiment produites. Au contraire, les Américains ont laissé Israël continuer ses implantations dans les territoires occupés et les Palestiniens se livrer à une folle surenchère qui ne pouvait les conduire que dans l’impasse où ils sont actuellement. Or de quoi s’agit-il ? D’environ dix millions de personnes, juifs et arabes additionnés, qui, dans leur immense majorité, n’aspirent qu’à vivre en paix et qui se livrent à la plus affreuse des guerres – une guerre civile en réalité – parce qu’ils ont laissé leurs extrémistes prendre le dessus et que la première et unique puissance mondiale, mal gouvernée à l’époque, a été incapable de les en empêcher. Sadate a été assassiné par des compatriotes, mais du moins l’Egypte est-elle en paix avec Israël. Rabin a été tué par des extrémistes juifs, mais son pays doit toujours subir le terrorisme et les morts affreuses qu’il provoque.

Georges W Bush hérite aujourd’hui du poids de toutes ces erreurs, dont il n’est pas responsable. Il est convaincu que le terrorisme ne peut exister qu’avec le soutien d’Etats. Il a raison, car l’expérience l’a toujours prouvé. Il a donc décidé de mettre un terme à l’existence des " Etats voyous " afin d’éradiquer le terrorisme et d’imposer la paix entre Israël et les Palestiniens. Cette politique est évidemment risquée et rien ne dit qu’elle sera couronnée de succès. Mais le monde n’a le choix qu’entre elle et la montée irrésistible des actions violentes, avec pour point d’orgue le terrorisme nucléaire. Voilà pourquoi il vaudrait mieux que l’Europe soit tout entière aux côtés de l’Amérique, afin d’orienter au mieux l’action militaire et la construction de la paix, plutôt que de se diviser et de donner à croire aux musulmans qu’ils sont d’ores et déjà capables de briser l’unité du vieux continent et de le séparer de ses alliés de toujours. Chirac a pris une responsabilité terrible en créant une rupture dans le camp occidental. Son deuxième mandat s’ouvre sous les pires auspices.

 

Claude Reichman

Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme