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25/9/11 Claude Reichman
    La République est corrompue, l’Etat est perdu !

« Il ne faut pas beaucoup de probité pour qu’un gouvernement monarchique ou un gouvernement despotique se maintienne ou se soutienne. La force des lois dans l’un, le bras du prince toujours levé dans l’autre, règlent ou contiennent tout. Mais, dans un état populaire, il faut un ressort de plus, qui est la vertu.

Ce que je dis est confirmé par le corps entier de l’histoire, et est très conforme à la nature des choses. Car il est clair que dans une monarchie, où celui qui fait exécuter les lois se juge au-dessus des lois, on a besoin de moins de vertu que dans un gouvernement populaire, où celui qui fait exécuter les lois sent qu’il y est soumis lui-même, et qu’il en portera le poids.

Il est clair encore que le monarque qui, par mauvais conseil ou par négligence, cesse de faire exécuter les lois, peut aisément réparer le mal : il n’a qu’à changer de Conseil, ou se corriger de cette négligence même. Mais lorsque, dans un gouvernement populaire, les lois ont cessé d’être exécutées, comme cela ne peut venir que de la corruption de la république, l’État est déjà perdu. »

Le lecteur aura reconnu ce célèbre passage de « L’esprit des lois » où Montesquieu trace à la république les limites qu’elle ne doit en aucun cas franchir, sous peine de mort.

En France, aujourd’hui, « l’Etat est perdu ». Plus personne ne peut en douter. Quel respect peut-on avoir pour des politiciens qui n’ont cessé de violer les règles les plus élémentaires de l’honnêteté pour assouvir leur soif de pouvoir, d’argent, de sexe ? Qui ont ruiné les finances de l’Etat. Qui ont pillé, en passant du public au privé, nos plus belles entreprises par des salaires et des intéressements mirobolants. Qui ont tué dans l’œuf, par une fiscalité dévastatrice, les initiatives de ceux qui ne rêvaient que de se mettre à leur compte et dont la réussite aurait procuré de l’emploi pour tous. N’en jetez plus, la cour est pleine !

Et maintenant ? Va-t-on poursuivre ses petites activités en attendant le prochain scandale ? Les médias vont-ils continuer à nous saouler des faits et gestes des candidats à l’élection présidentielle, alors même que " le citoyen est comme Diogène : il cherche un homme, un homme d’Etat apte à redresser le pays, qui ait une éthique personnelle irréprochable, le courage de lui dire la vérité et le goût du sacrifice ", comme l’écrit Christophe Barbier dans son éditorial de L’Express, avant d’ajouter que "  cet individu providentiel n’existe pas parmi les présidentiables déclarés, et sans doute l’électeur abandonné en sera-t-il réduit à choisir le moins mauvais des prétendants".

Il suffit pourtant de se porter sur Internet pour constater que l’affaire de Karachi provoque un véritable tsunami dans l’opinion. Les digues vont bientôt se rompre et les pompes et les fastes de l’élection présidentielle, qu’elle ait lieu ou pas, seront emportés comme des fétus de paille. Il ne s’agit plus d’élection, mais de révolution. Hélas, hélas, hélas, car l’élection démocratique est l’essence même du régime républicain. Mais qui peut parler, en France, aujourd’hui, d’élection démocratique quand la caste prédatrice qui détient tous les leviers du pouvoir a su étouffer toute expression politique libre, avec l’aide empressée de ses complices médiatiques ?

La seule interrogation qui demeure concerne la date et les circonstances de cette révolution. Le plus probable est qu’elle se déclenchera, comme souvent, à partir d’un incident mineur qui dégénèrera d’autant plus facilement que les consciences sont déjà chauffées à blanc. A partir de là, s’ouvrira l’ère de l’aventure. Car rien n’est jamais écrit d’avance en de telles circonstances. Sauf que le pire peut survenir si la colère populaire ne trouve pas à s’exprimer par des voix incontestables et responsables.

Les leaders de la révolution naîtront de la révolution elle-même. Ils sont évidemment déjà là, et beaucoup d’entre eux sont parfaitement connus des médias, qui les ont identifiés, mais sans jamais en parler, à travers les écrits et les actes qu’ils s’efforcent d’accomplir pour briser le silence de plomb régnant sur la scène publique officielle.

Il ne reste plus qu’un seuil à franchir. Celui qui sépare les coulisses de la scène. En mai 68, à l’Odéon, Jean-Louis Barrault criait : " Il n’y a plus de Jean-Louis Barrault ! " Demain, à l’écran d’une télévision, Christophe Barbier s’écriera : « Il n’y a plus de Christophe Barbier ! », tandis que derrière lui et le poussant sans ménagement, dans un élan éperdu, la foule de ses confrères hurlera en chœur « Et nous non plus, nous n’existons plus ! »

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.



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