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10/2/09 Bernard Martoïa

L'économie mixte est responsable de la crise

Les médias et les politiciens sont en train de fabriquer un nouveau mythe : la crise serait la faute du laissez-faire.

Le libéralisme est un système politico-économique basé sur la propriété privée des moyens de production et dans lequel les pouvoirs de l'État sont limités à la protection des droits des individus contre l'initiation de la force physique.

Cette protection s'applique aussi bien à l'initiation de la force physique par un groupe d'individus mafieux voulant lever par exemple un impôt révolutionnaire, occasionnellement par des gouvernements étrangers lors de périodes de guerre, et plus important par le gouvernement lui-même !

Pour la menace omniprésente que constitue tout gouvernement, cette protection est assurée par une constitution faisant référence explicitement au droit naturel évoqué par John Locke qui est supérieur à celui des gens (jus gentium romain). La constitution française est aux antipodes de cette conception libérale.

Le socle constitutionnel s'avérant insuffisant pour garantir la protection des individus, il faut des contrôles effectifs du pouvoir exécutif. Ils ne peuvent être assurés que par de véritables contre-pouvoirs. En France règne la confusion des pouvoirs. La justice n'est qu'une autorité administrative, un appendice toléré de la Cinquième République. Les organes de presse appartiennent au complexe militaro-industriel. Dans son message d'adieu de la présidence américaine en 1960, Dwight Eisenhower fut le premier à dénoncer cette grave menace pour les institutions démocratiques. Il fut écouté dans son pays mais pas dans le nôtre.

La protection des individus nécessite un Habeas corpus qui n'existe pas en France. Dès qu'un individu est arrêté par la police, il devrait être déféré immédiatement devant un juge en présence d'un avocat pour le défendre. C'est le juge qui a l'autorité de déterminer si une personne doit être ou non emprisonnée pour un acte criminel dont elle se serait rendue coupable.

Enfin, la protection des individus est assurée par eux-mêmes à travers le droit de disposer d'armes à feu et d'en faire usage. C'est le droit de légitime défense. Le premier devoir d'un État est d'assurer la sécurité de ses citoyens. L'État français veut s'occuper de tout (logement, santé) mais il faillit à sa mission première qui est d'assurer la sécurité physique de nos compatriotes. Les récurrentes flambées de violence dans les banlieues appellent à la création de milices armées puisque l'État n'est plus capable d'y faire respecter l'ordre.

Dans un régime libéral, le rôle du gouvernement se limite à son pré carré régalien qui est le même que celui de l'Ancien Régime : la police, l'armée, la justice et les affaires étrangères. Cela laisse des marges considérables à l'État pour faire appliquer la règle qu'il s'est donnée de ne remplacer qu'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Comme le statut des fonctionnaires est irréfragable, il ne faudrait remplacer aucun fonctionnaire dans les administrations hors du domaine régalien. C'est exactement le contraire de la politique menée par le gouvernement avec la suppression de 57 000 emplois militaires, de tribunaux d'instance, d'ambassades et de consulats. L'Etat providence ne s'intéresse qu'aux missions qui relèvent du domaine privé ; d'où l'expression de marcher sur la tête…

La responsabilité de la crise incombe aux politiques et non pas au marché

La crise provient précisément de l'intervention massive du gouvernement américain, et par-dessus tout celle de la banque centrale (Fed) dans l'espoir que la simple création de monnaie et de sa disponibilité immédiate pour le marché hypothécaire était un substitut au capital créé par la production et l'épargne.

La dérégulation du marché n'est pas la cause de la crise mais la conséquence des actes criminels des politiques jouant tour à tour le rôle de pompier et de pyromane. Dans la polémique qui fait rage, le président Obama a désigné à la vindicte publique les banquiers. Il feint d'ignorer que le secteur bancaire est le plus proche du robinet. C'est parce que la Fed émet massivement des milliards de dollars que les banquiers de Wall Street absorbent au passage quelques gouttes. Il ne faut pas confondre cause et effet pour paraphraser Carl Menger.

Avant sa volte-face lors du discours donné au Zénith de Toulon, le 29 septembre 2008, le président de la République se plaignait de ce que la Banque Centrale Européenne (B.C.E) ne se préoccupait pas assez de l'emploi dans l'Euroland. En bref, il reprochait à la B.C.E de ne pas faire comme la Fed. C'est tout le drame de cette institution créée en 1913 par le président Woodrow Wilson. La Fed poursuit deux objectifs contradictoires : lutter contre l'inflation et maintenir le plein emploi. La B.C.E a été bâtie sur le modèle de la banque centrale allemande avec un seul objectif : la lutte contre l'inflation. Ceux qui réfutent ce modèle draconien, n'ont qu'à former un club Méditerranée où il n'y aura aucune contrainte. C'est ce qui arrivera un jour lorsque la fourmi allemande en aura marre des jérémiades des cigales.

Les cycles économiques ne correspondent pas aux cycles électoraux.

Le redémarrage de l'économie va prendre beaucoup de temps. Ce n'est pas avec plus de dette que l'on relancera la croissance mais avec un retour aux fondamentaux de l'économie classique que sont la production et l'épargne. George W Bush est parvenu à maintenir artificiellement une croissance anormalement élevée durant ses deux mandats. Mais sa bulle a explosé au pire moment, le 15 septembre 2008, pendant la campagne que menait celui qu'il a défait pendant la campagne primaire de Caroline du Nord en 2000. McCain devançait Obama dans les sondages avant la faillite de la banque d'investissement Lehman Brothers. Il n'y pas de justice sur terre. Le monde politique se divise entre les chanceux comme Obama et Bush et les malchanceux comme McCain.

Les Français et les Américains ont beau être des veaux, ils finiront bien par comprendre qu'on les mène à l'abattoir avec ces plans de relance. Comme le disait Abraham Lincoln, on peut tromper certains tous le temps, on peut tromper tout le monde un certain temps, mais on ne peut pas tromper tout le monde tout le temps. Le moment de vérité approche avec l'insolvabilité de la Fed.

Bernard Martoïa

 

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