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6/11/10 Alain Dumait
                Les Etats Unis faux monnayeurs !

La Réserve fédérale (Fed), c’est à dire la Banque centrale américaine, vient de décider de racheter 600 milliards de dollars d’emprunts d’Etat d’ici la mi-2011.

L’objectif affiché est de relancer la croissance. D’une part en rendant cette somme d’argent disponible pour des investissements de la part des entreprises ou des ménages, ou des dépenses de consommation. D’autre part en faisant baisser les taux d’intérêt à long terme, par le biais des taux auxquels le gouvernement fédéral emprunte pour financer sa dette.

Ce serait donc une médecine miracle, et approuvée comme telle par l’immense majorité des économistes, y compris, dès le communiqué de la Fed, par ceux du Fonds monétaire international (FMI), qui viennent de redire leur optimisme : la croissance américaine va s’accélérer, sans risque d’inflation.

Comme, depuis trois ans, les mêmes économistes se sont presque toujours trompés, il y a lieu d’être sceptique. Rappelons que les mêmes annonçaient fin 2007 qu’il n’y aurait pas de crise économique mondiale, et, fin 2009, que la crise était finie…

Comme les autres, les sujets monétaires doivent être examinés avec bon sens.
Un surplus de monnaie n’a jamais créé un surplus de valeur. Ca se saurait…Injecté dans une économie aux capacités de production limitée, ce surplus de monnaie crée simplement de l’inflation. Le niveau moyen des prix monte pour s’ajuster à une masse monétaire en augmentation.

On dira – ils disent – qu’on n’est pas dans ce cas-là. Les capacités de production, à peu près partout dans le monde, sont plutôt sous-employées.

Le problème résulte du fait qu’un excès de monnaie ne se répand pas également et à la même vitesse dans l’ensemble de l’économie. Certains secteurs en «profitent» plus que d’autres. Et c’est ainsi qu’apparaissent des bulles spéculatives, créées de toute pièce par ce laxisme monétaire. Ainsi, les marchés d’actions, les valeurs dites refuges comme l’or et les œuvres d’art.

Ce surplus de monnaie, artificiellement créé par la Banque centrale, profite d’abord aux banques, qui se font des liquidités à bon compte, et aussi au gouvernement, qui peut plus facilement financer sa dette.

Loin d’en profiter, l’économie risque fort d’en souffrir. Comme à chaque fois qu’on cherche à manipuler le système des prix, dont les taux d’intérêt et les taux de change font partie.

Car l’argent à court moyen ou long terme a un prix «naturel», qui n’est certainement pas celui qu’indiquent les taux manipulés par la Fed, aussi bien ceux à court terme (entre 0 et 0,25%) que ceux à long terme sur les bons du Trésor américain (moins de 4%).

Cette manipulation sur les taux désoriente et décourage l’épargne de long terme. Ce qui est gravissime pour le financement durable de l’économie.

La décision de la Fed, avec son apparente logique, outre les risques qu’elle fait peser sur l’inflation et sur l’épargne, risque surtout d’affaiblir encore le dollar et de mettre celui-ci à un prix de dumping. Ce que les marchés ont aussitôt compris en portant immédiatement l’euro à plus de 1,42 dollars.

La Fed prend donc aussi le risque d’une guerre des monnaies, prélude à la guerre commerciale tant redoutée par tous ceux qui connaissent un peu l’histoire contemporaine des faits économiques et sociaux.

Alain Dumait


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