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14/5/10 Alain Dumait
       L’Etat providence ne peut que disparaître !

L'agence de notation américaine Standard and Poor's a successivement dégradé la dette de la Grèce, du Portugal puis celle de l'Espagne. Les trois prochains pays dans l'œil du cyclone financier sont l'Italie, la Grande Bretagne et l'Irlande. Puis c'est... la France.

Il serait d'ailleurs assez comique de voir notre pays prêter à la Grèce de l'argent, qu'il n'a pas, au moment même où il inspirerait lui-même des inquiétudes aux opérateurs financiers...

En quelques semaines, on est passé d'une vague inquiétude sur la capacité des États à réduire leur endettement, à une situation où ce nécessaire redressement prend un caractère urgent et massif. Et l'impossibilité politique et pratique de le faire est pathétique...

Le plan adopté par les autorités grecques préfigure ce que tous les pays endettés vont devoir faire : réduire les dépenses publiques, en commençant par le blocage des salaires des fonctionnaires, et, sans doute, faute d'aller assez loin et assez vite dans cette direction, augmenter les impôts. En France ce sera ceux qui rapportent gros et rapidement, comme la TVA ou la CSG...

Quand on vit trop longtemps à crédit, une cure de déflation s'impose toujours. Que cela plaise ou non.

Loin d'avoir été utiles, au-delà de 18 mois, les plans de relance n'auront été que de coûteuses illusions. L'augmentation des dettes publiques ne peut en aucun cas relancer durablement une économie. D'autant que ces dettes - chacun le sait - n'ont fait qu'alimenter le tonneau des Danaïdes de la sphère publique et de l'État providence.

La question qui se pose alors est de savoir si cet État providence peut survivre à la cure d'austérité qui s'annonce et qu'il ne peut plus éviter. Peut-il durer, si la route de l'inflation lui est coupée avec l'euro, et si celle du déficit lui est également fermée avec les exigences, d'ailleurs réalistes, des prêteurs de capitaux sur les marchés financiers ?

Comme l'activité économique, sur laquelle viennent se fixer les pompes suceuses de l'État providence, est, par définition, variable, et évidemment fragilisée par ces prélèvements toujours plus lourds, pour que l'État providence puisse équilibrer ses comptes, il faudrait que ses bénéficiaires acceptent que leurs prestations puissent être révisées à la baisse. Exemple de l'assurance vieillesse par répartition. Une diminution relative du nombre des actifs devrait normalement entraîner une diminution automatique des pensions. Tête des retraités...

A partir du moment où l'État providence fonctionne avec des cliquets rigides empêchant la baisse des prestations, il est voué aux déficits ou à l'augmentation indéfinie des prélèvements. Et comme cela n'est pas tenable durablement, l'État providence ne peut que s'écrouler et disparaître.

Mais impossible de dire dans quel délai. Les plus visionnaires des meilleurs économistes - tel le Français Frédéric Bastiat - le disent et l'expliquent depuis plus de 150 ans.

En tout cas, les lézardes de cet édifice - futur vestige historique - n'ont jamais été aussi béantes... Tout indique même que nous vivons en direct - en live - son écroulement. L'implosion du système soviétique n'aura été qu'un hors d'œuvre. Et les crises financières successives - les bulles Internet, de l'immobilier, des subprimes, des dettes privées des banques, des dettes publiques des États, demain (dès que les taux d'intérêt vont remonter) de toutes les dettes - n'auront été que les secousses annonciatrices d'un inévitable effondrement général de toute la sphère publique.

Car, contrairement à une idée trop répandue, la monnaie et la finance, dont elle est le carburant, appartiennent à la sphère publique, et non pas privée, nonobstant le statut des établissements concernés et les contrats de travail des dirigeants. En s'arrogeant le monopole d'émission de la monnaie, il y a environ un siècle, les hommes politiques, ont fait basculer la monnaie et la finance dans la sphère qu'ils prétendent diriger.

Du coup la monnaie (le dollar, l'euro, le yuan...) est devenue principalement un instrument au service d'une politique, alors qu'elle devrait être avant tout un facilitateur de transaction et, accessoirement, un moyen de conserver des encaisses en toute sécurité. Deux fonctions assurées parfaitement par la monnaie-or. Avec l'inconvénient que, dans un tel système monétaire privé, les États ne peuvent plus financer leurs folies, guerrières ou sociales, avec de l'argent qu'ils n'ont pas.

Avec le système communiste (appliqué en France sur ce point jusqu'en 1986) il n'y avait pas de vérité des prix. Le Gosplan, c'est à dire le parti, en décidait. Comme le PC chinois pour le cours du yuan. Ce que vient d'approuver, pour plaire, le président Sarkozy, soit dit en passant...

Avec le système de la fausse monnaie dans lequel nous sommes depuis 1913, il n'y a plus de taux d'intérêt naturel. En tout cas pour les taux à court terme. Et les banques se refinancent à des conditions fixées sur des critères politiques, et pas économiques.

Il y a un point commun entre la bulle internet, Lehman Brothers et la faillite de la Grèce : le crédit n'est pas, n'a jamais été et ne sera jamais le moteur de l'économie. Le vrai moteur, c'est l'épargne. Synonyme d'effort et de responsabilité. Alors que le crédit, qui est fondamentalement un facteur de ruine, est synonyme de collectivisme et de laxisme.

C'est dans cette mesure que la crise économique et financière, qui continue (ou qui commence), est avant tout une crise morale.

Alain Dumait

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