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20/6/11 Thierry Desjardins
Le mariage gay et la « fumette », ou comment éviter
                   de parler des vrais problèmes !

Après quelques jours de vacances loin des rumeurs de Paris, on revient, on feuillette les journaux amassés et on s’aperçoit que rien n’a changé. Nos avions continuent à pilonner la Libye et se trompent de cibles, nos soldats continuent à se faire tuer en Afghanistan, la Grèce continue à affoler les marchés, Sarkozy continue à perdre des points dans les sondages (jusqu’où pourra-t-il descendre ?), les candidats du PS et des écologistes continuent à s’étriper avant leurs primaires…

La petite nouveauté c’est qu’on nous dit maintenant, le plus sérieusement du monde, que le problème du mariage des homosexuels et celui de la dépénalisation du cannabis vont être « au centre de la campagne présidentielle », sous prétexte qu’ils ont été évoqués dans les couloirs de l’Assemblée.

Six mois avant toutes les élections, on nous a toujours ressorti ce genre de débats. Faut-il donner le droit de vote aux étrangers non communautaires ? Faut-il rouvrir les maisons closes ? Faut-il autoriser l’euthanasie ? Etc.

Certes, ce sont là des questions dites « de société », mais à qui fera-t-on croire que les Français, angoissés par le chômage et la dégringolade de leurs revenus, se les posent chaque matin et qu’ils vont voter, en avril prochain, en tenant compte des réponses que les candidats apporteront à ces interrogations ? En fait, le mariage des homosexuels et la consommation du cannabis ne sont pas les questions du jour.

Le mariage est de plus en plus abandonné par les couples hétérosexuels et il n’y a plus guère que les homosexuels à y voir la concrétisation d’un grand amour. Le cannabis est, selon tous les experts, la porte ouverte aux drogues les plus dangereuses. Mais on nous dit que 4 millions de Français en utilisent et que tous les efforts pour en limiter la consommation n’ont servi à rien.

Selon la fameuse formule : « Quand les bornes sont dépassées, il n’y a plus de limites ». Avec l’Europe, nous n’avons plus de frontières, plus de monnaie nationale, plus de justice nationale puisque les tribunaux européens l’emportent, plus même de pouvoir législatif puisque les textes communautaires ont aussi le dernier mot. Autant dire que nous sommes emportés, non plus seulement par la « pensée unique » que nous imposent nos pseudos intellectuels mais par la mode internationale. On nous dit d’ ailleurs (ce qui n’est pas vrai) que tous les pays ont désormais adopté le mariage homosexuels et libéralisé le cannabis. Nous n’aurions donc plus qu’à en faire autant.

Certains, courant à la recherche des voix qui leur manquent, se sont d’ailleurs, à la surprise générale, découverts soudainement adeptes de ce mariage homosexuel et de cette libéralisation du cannabis. A commencer par Dominique de Villepin qu’on n’attendait pas ici, il faut bien le dire.

Mais attention. Chaque fois qu’on a brandi ces chiffons rouges pour amuser la galerie qui regardait ailleurs c’est le Front national qui a ramassé la mise. Souvenons-nous du vote des étrangers évoqué par Mitterrand à la veille des législatives de 1986 : 35 élus FN derrière Le Pen.

Même si désormais « tout le monde se fout de tout », il y a encore des électeurs attachés à quelques vieux principes. On peut les traiter de passéistes, de « réacs », voire de « fachos », ils ont toujours le droit de vote. Pourquoi diable les provoquer alors que seuls comptent aujourd’hui les problèmes de l’emploi, de la dette, des services publics, de l’école, de la santé, de la dégradation de l’image de la France, de la crise de conscience des Français qui ne savent plus ce que c’est que d’être français ?

Mais il est sûrement plus facile de parler du mariage gay et de la « fumette » que du chômage et de la désindustrialisation de la France.

Thierry Desjardins


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