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14/1/12 Thierry Desjardins
                          Triple A, triple zéro !

Pas facile d’être ministre de Sarkozy ! Il y a un mois, ils nous disaient tous que, grâce à Sarkozy, la France allait garder son triple A, que c’était essentiel, que sa perte serait catastrophique car elle nous obligerait à emprunter à un taux insupportable, mais qu’avec la politique menée de main de maître par le président qui avait fait de la sauvegarde de ce triple A la priorité de ses priorités, il n’y avait aucun risque que les agences de notation nous « dégradent ». C’était : « Dormez tranquilles, braves gens, Nicolas Sarkozy est là et s’occupe de tout ».

Depuis hier et l’annonce de cette dégradation de AAA à AA+, ces mêmes ministres nous affirment, sur le même ton péremptoire, que « la perte du triple A n’est pas une catastrophe », que « ce ne sont pas les agences de notation qui vont dicter à la France sa politique », qu’elles ont d’ailleurs reconnu que « nous étions sur la bonne voie » et qu’en fait « c’est toute l’Europe qui, victime de la crise mondiale, est dégradée ».

Ces incapables qui continuent à nous prendre pour des gogos s’imaginent que nous ne savons pas que l’Allemagne, la Grande-Bretagne, le Danemark, les Pays-Bas, la Suède, la Norvège, la Finlande, le Luxembourg et la Suisse ont, eux, conservé leur triple A.

Ce sont les « pays club Med’ » qui ont perdu la confiance de la finance internationale et, cette fois, la France en fait bel et bien partie, des pays où il fait peut-être bon passer quelques jours de vacances mais avec lesquels on ne peut pas travailler sérieusement car ils sont en train de crever tranquillement et par leur faute.

Désormais, il y a bien deux Europe, celle du nord, sérieuse, travailleuse et qui va peut-être s’en sortir face à la crise, et celle du sud, des jeans-foutre méridionaux, qui dégringole dans l’abîme de mois en mois. Et c’en est naturellement fini du fameux couple franco-allemand qui, à en croire Sarkozy, devait diriger notre vieux continent. Au cours de leur prochain déjeuner de travail, Angela Merkel pourra continuer à boire du Riesling et à se goinfrer de choucroute, mais Sarkozy devra se contenter d’un peu d’eau fraîche et d’une boite de sardines.

A moins de cent jours du premier tour des présidentielles, la nouvelle de notre « dégradation » tombe particulièrement mal pour Sarkozy. Elle alourdit encore son bilan qui devient épouvantable.

Souvenons-nous. Il devait nous permettre de « gagner plus en travaillant plus », il devait « aller chercher la croissance avec les dents », il devait nous offrir « une République irréprochable », il devait nous « débarrasser de la racaille avec un Karcher », il devait mettre un terme à la « Françafrique », il devait faire de la Méditerranée un lac de paix, il devait offrir davantage de pouvoirs au Parlement, il devait, il devait… et il a tout raté.

On dira qu’il a réformé les retraites. C’est vrai. Mais si au lieu de reculer bêtement, par idéologie et provocation, l’âge légal du départ à la retraite, il s’était contenté d’allonger la durée de cotisation, il n’aurait pas fait descendre des millions de mécontents dans les rues. Et d’ailleurs, souvenons-nous aussi que l’un de ses arguments pour nous présenter cette réforme était la nécessité de rassurer les agences de notation !

On nous dit maintenant que pour tenter de rattraper son retard, Sarkozy va se présenter en… « protecteur ». On tombe à la renverse ! En cinq ans, il ne nous a protégés d’aucune catastrophe. Le chômage, les déficits, la dette se sont considérablement aggravés, les services publics, l’hôpital, l’école, se sont scandaleusement détériorés, le fossé entre les riches, qui n’ont cessé de s’enrichir, et les pauvres, qui n’ont cessé de s’appauvrir, s’est encore élargi. Ajoutons qu’il a, en plus, ridiculisé l’image de la France aux yeux du monde entier et ce n’est pas parce qu’il a eu la peau de Kadhafi qu’il a fait oublier dans toutes les capitales de la planète ses rodomontades de président du G8 ou du G20 qui voulait moraliser la finance internationale et instaurer une gouvernance mondiale. Jamais aucun président n’avait été aussi mauvais.

Il nous a fait perdre, hier, notre triple A mais cela fait longtemps qu’il a gagné un triple zéro.

Quand on ne veut ni de l’extrême-droite ni d’une nouvelle expérience socialiste et qu’on ne se sent guère attiré par Bayrou, on a l’impression de n’avoir plus que ses yeux pour pleurer.

Thierry Desjardins

 

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