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17/10/11 Thierry Desjardins
         Sarkozy - Hollande : la brute et le gentil !

Nicolas Sarkozy sait maintenant qui il aura à affronter dans six mois. Ce sera François Hollande. Ce n’est pas une surprise. Tout l’annonçait, les sondages qui en avaient fait le grand favori de la gauche depuis l’élimination de Strauss-Kahn et les calculs que chacun avait pu faire au lendemain du premier tour des primaires. Manuel Valls, Ségolène Royal, Arnaud Montebourg (sans parler de Baylet) s’étant ralliés à lui, il y avait peu de chance que Martine Aubry puisse l’emporter.

Au passage, il faut tout de même noter - ce que bien peu d’observateurs ont fait jusqu’à présent - que ces fameuses primaires inédites qui devaient permettre de réunir toute la gauche et de faire désigner le meilleur des candidats de gauche par le peuple de gauche, au-delà des magouilles traditionnelles des apparatchiks de la rue de Solferino, se sont finalement limitées au seul PS (le figurant de service radical, Baylet, n’arrivant même pas à obtenir 1% des voix) et surtout qu’elles se sont soldées par un face-à-face entre la première secrétaire du parti et son prédécesseur. Un simple congrès du parti aurait permis exactement la même chose.

Cela dit, ces primaires ont tout de même permis aux « jeunes turcs », aux « dissidents » du parti, Valls à l’aile droite, Montebourg à l’aile gauche, de faire leur tour de piste en pleine lumière et de prendre date pour 2017. La relève est assurée. On aura Fillon et Copé d’un côté, Valls et Montebourg de l’autre.

Mais ces primaires ont surtout été une fabuleuse opération de marketing pour le PS. Grâce à elles, pendant des semaines, le PS a occupé, gratuitement, tous nos écrans télévisés et toutes les pages politiques de tous nos journaux. La presse écrite ou audio-visuelle a accordé à leurs débats (internes) et aux résultats de leur premier tour et de leur second tour autant de place que s’il s’était agi de l’élection présidentielle elle-même. On comprend qu’à droite certains ont regardé avec envie (et rage) ce fantastique « coup de pub » que s’est offert le PS. Sans parler de ceux qui se disent que de telles primaires à l’UMP auraient, peut-être, permis de dénicher un autre candidat que Sarkozy.

Reste maintenant à savoir ce que va faire François Hollande pendant ces six mois à venir. « Rassembler, toujours rassembler » nous dit-il. Ce ne sera pas le plus difficile, quoi que puissent espérer Jean-François Copé ou Nadine Morano. Les affrontements à fleurets très mouchetés des primaires seront bien vite oubliés. Les socialistes ont perdu les trois dernières présidentielles. Ils sont donc prêts à avaler toutes les couleuvres et à mettre dans leurs poches toutes leurs divergences pour qu’un des leurs, et même un mollasson, puisse enfin entrer à l’Elysée.

Ce que Hollande doit faire maintenant, c’est convaincre les autres, tous ceux qui n’ont pas participé à ces primaires, qui ne veulent plus de Sarkozy mais qui hésitent encore à voter pour un apparatchik socialiste.

Mais on a déjà compris sur quel terrain il allait affronter Sarkozy. Il ne va pas être « l’homme de gauche » contre « l’homme de droite ». Il va être le brave type, le gentil, le modéré, le modeste, le gars « normal », toujours à la recherche de consensus contre le sortant de la droite dure, le méchant, la brute, l’ami des riches, celui qui a toujours été persuadé qu’il avait toujours raison. Oui, le gentil contre la brute. Dans les westerns c’est toujours le gentil qui finit par gagner.

Martine Aubry lui a rendu le plus grand des services au cours des primaires en l’accusant d’être un mou. Elle le dédouanait ainsi de tout sectarisme. Sarkozy pourra toujours l’attaquer sur son programme, en effet, bien irréaliste avec, notamment, ses contrats de générations. Cela n’aura aucun impact. Les Français ne tiennent plus compte des programmes que leur font miroiter les candidats Ils savent qu’ils ne sont jamais appliqués. Les Français choisissent un homme sur sa bonne mine.

Le tout est de savoir si dans six mois, devant une crise qui n’aura fait que s’aggraver, ils préféreront un dur qu’ils pratiquent déjà depuis cinq ans et dont le volontarisme tous azimuts, l’activisme débridé et la soif de résultats même un peu truqués se sont brisés sur toutes les réalités, ou un gentil qui tentera, sans grande illusion, de colmater comme il le peut les brèches et de panser tant bien que mal les blessés le plus durement touchés.

Il est évident que si les socialistes avaient été fidèles à leur idéologie et qu’ils avaient choisi Martine Aubry, ils auraient fait un plus beau cadeau à Sarkozy. Contre la Dame des 35 heures qui, elle, se targue de son sectarisme de militante de choc, Sarkozy aurait pu s’en donner à cœur joie contre « les bolcheviks » et tenter de remobiliser son camp en agitant l’épouvantail.

Contre Hollande, le tout mou caoutchouteux, il n’aura aucune prise. Ségolène qui connaît bien Hollande a eu raison de dire qu’il n’avait jamais rien fait. Du coup, on ne peut rien lui reprocher, même si on peut s’inquiéter de ce que serait sa présidence.

Le gentil, le normal, le mollasson est bel et bien le pire des adversaires pour Sarkozy. Cela ne veut pas dire qu’il soit le meilleur pour présider la France au milieu des tempêtes.

Thierry Desjardins



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