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29/5/13 Thierry Desjardins
            On embauche … mais pas en France !

Ceux qui prétendent nous gouverner ont bien sûr profité de mes quelques jours de vacances pour multiplier les déclarations insipides, les volte-face les plus honteuses et leur habituel déni des réalités, le tout pimenté par quelques nuages de fumée pour tenter de distraire l’opinion.

Vue d’un peu loin, la conférence de presse du président de la République, que notre presse, de plus en plus complaisante, a présentée comme un virage historique du quinquennat, n’a été qu’un collier de perles de lieux communs, l’abandon du contrôle des salaires des patrons du privé a fait sourire, le mépris avec lequel le gouvernement a commenté l’ultime manifestation (massive) des adversaires du mariage pour tous n’a surpris personne, et ce qu’il convient désormais d’appeler « l’affaire Lagarde » ressemble furieusement à un dérivatif pour faire oublier « l’affaire Cahuzac ».

Quand on revient à Paris, la seule surprise est la remontée de François Hollande dans les sondages. Il aurait gagné 4 points, passant de 25% à 29% d’opinions (plus ou moins) favorables. Même si cela lui fait encore plus de 70% d’opinions (plus ou moins) défavorables, on est stupéfait. Qui peuvent bien être ces 4% de Français qui, au cours de ces dernières semaines, ont soudain trouvé que le chef de l’Etat était… un chef d’Etat ? Le chômage, les fermetures d’entreprises, la précarité, les impôts, la baisse du pouvoir d’achat continuent à augmenter, l’Etat continue à se déliter, l’image de la France à se dégrader et certains de nos compatriotes reprennent espoir en cette équipe de branquignols qui titubent entre le socialisme à la Guy Mollet et la social-démocratie à la suédoise, la rigueur à la prussienne et la croissance à la Mélenchon.

Il est vrai que la droite a, elle aussi, profité de ces trois semaines pour se surpasser dans le ridicule. La loi sur le mariage homosexuel aurait dû être du pain bénit pour l’opposition. La France dite « profonde » s’était, d’elle-même, insurgée contre ce texte qui portait un coup fatal aux lois de la nature, à nos traditions les plus ancrées et à notre conception de la famille. Il suffisait à l’UMP soit de laisser faire la rue pour engranger ultérieurement ces centaines de milliers de mécontents, soit de prendre la tête du mouvement, comme l’avait fait le RPR à l’époque de la bataille pour l’Ecole libre.

Au lieu de cela, l’UMP a préféré se diviser, se chamailler et offrir, une fois de plus, un spectacle affligeant aux Français. Dire, comme l’ont fait certains, que « le mariage homosexuel est un problème sociétal et non pas politique » et que donc « chacun doit y répondre en son âme et conscience » est évidemment absurde. Le sociétal est, de toute évidence, politique. Il fait même partie du domaine le plus précieux de la politique.

Nathalie Kosciusko-Morizet qui vise à la fois la mairie de Paris l’année prochaine et l’Elysée en 2017, a cru habile de s’abstenir dans ce débat qui divisait la France. Elle risque d’y perdre des plumes, les Français de droite commençant à en avoir plus qu’assez de leurs candidats assez naïfs pour croire qu’ils pourront séduire l’électorat de gauche en trahissant celui de droite.

Quand on passe quelques jours au Canada et plus précisément au Québec, on a d’abord l’impression que « c’est partout pareil ». Les journaux de Montréal font actuellement leurs « unes » sur l’arrestation de l’ancien maire de Laval, la troisième ville du Québec, et de 37 élus et chefs d’entreprise accusés d’avoir touché ou distribué des dizaines de millions de dollars en pots de vin et, en pages intérieures, on apprend les turpitudes de trois sénateurs qui ont triché sans vergogne sur leurs notes de frais. On n’est donc pas dépaysé dans la « Belle Province ».

Mais dès qu’on se promène un peu, tout change. Partout, sur les immeubles de bureaux, à la vitrine des magasins, c’est la même affiche, en lettres énormes : « Ici, on embauche ». Mieux encore, partout, dans la rue, dans les restaurants, les gens sourient, comme s’ils étaient heureux. Mieux encore, partout, on voit des drapeaux canadiens et québécois, immenses, qui flottent au vent et on les revoit sur la plupart des tricots et des anoraks des passants.

Ils embauchent, ils sourient, ils sont fiers de leur pays… Tout cela va sans doute ensemble. Une bien « Belle Province » !

Quand on retraverse l’Atlantique, on est forcément déçu…

Thierry Desjardins

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