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31/5/11 Thierry Desjardins
Nucléaire : «L’écologie, ça commence à bien faire !»

L’Allemagne a décidé de renoncer à l’énergie nucléaire. La nouvelle est, bien sûr, stupéfiante. Mais Angela Merkel n’avait guère le choix. Les écologistes représentent une force politique importante en Allemagne et la chancelière connaît actuellement bien des difficultés. Elle a été obligée de capituler. Une fois de plus, la démocratie a dû s’incliner devant la démagogie.

Les Verts allemands ont utilisé le drame de Fukushima, comme ils s’étaient servis de celui de Tchernobyl et comme ils évoquent fréquemment Hiroshima pour jouer avec le pire des arguments : la peur.

On s’étonne d’ailleurs qu’ils ne se servent pas des accidents aériens, de chemin de fer ou de la circulation pour exiger l’interdiction des avions, des trains et des voitures qui font, chaque année, beaucoup plus de morts que n’en a faits l’accident de la centrale japonaise, provoqué par un tremblement de terre suivi d’un tsunami.

Ces écologistes allemands vont sûrement réclamer l’interdiction des concombres maintenant que ce légume fait des morts de l’autre côté du Rhin.

Il est évident que le nucléaire inquiète. A cause du souvenir, précisément, d’Hiroshima et de Nagasaki. Mais les centrales nucléaires n’ont rien à voir avec les bombes atomiques. Elles ne sont pas faites pour tuer mais pour apporter l’énergie indispensable au développement et même demain à la survie des populations.

Il est évident, aussi, que « le risque zéro » n’existe pas et que, comme il y a des coups de grisou qui font des dizaines de morts dans les mines de charbon, des barrages hydrauliques qui explosent et font des centaines de morts dans les vallées, il peut y avoir une catastrophe dans une centrale nucléaire.

Est-ce une raison pour refuser ce progrès - car c’en est un - qu’est le nucléaire et en revenir à la lampe à huile et à la marine à voile ? Bien sûr que non. La catastrophe de Fukushima ne doit pas nous faire capituler. Elle doit nous inciter à rechercher davantage de mesures de sécurité. Le progrès provoque toujours des catastrophes. Il nous appartient de le maîtriser.

Nicolas Sarkozy n’a pas toujours eu que des paroles heureuses. Mais il faut lui accorder que le jour où, au salon de l’Agriculture, il s’est exclamé « L’écologie, ça commence à bien faire », il a eu diablement raison.

Tout le monde est d’accord pour dire qu’il faut faire attention, qu’il faut protéger notre terre, la nature, l’écosystème et qu’il nous est arrivé trop souvent de jouer aux apprentis sorciers. Il n’y a aucun doute que nous avons eu tort de tout bétonner, de supprimer les haies de nos paysages, d’utiliser à tort et à travers des engrais et des pesticides, de massacrer nos forêts, de polluer nos fleuves.

Aujourd’hui, on accole au mot « écologie » l’expression « développement durable ». C’est une bonne idée. Alors que la terre compte maintenant plus de six milliards d’habitants et que la moitié d’entre eux ne mange pas à sa faim et n’a pas accès à l’eau courante, le développement est une exigence primordiale et il faut qu’il soit durable. Or ce n’est pas avec ces moulins à vent que sont les éoliennes que nous allons multiplier la production d’électricité, faire fonctionner nos usines, donner un avenir à tous les jeunes des pays qui n’ont pas encore émergé. Le charbon pollue, le pétrole s’épuise, le nucléaire est, évidemment, l’avenir.

Réjouissons-nous qu’en France, dès hier, Fillon, pour le gouvernement, Benoît Hamon pour le PS et même Nicolas Hulot pour les écologistes n’aient pas sombré dans la démagogie. Et préoccupons-nous plutôt des concombres allemands.

Thierry Desjardins


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