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7/4/13 Thierry Desjardins
 Ces îles Caïmans que Hollande ne connaissait pas !

Après nous avoir juré sur tous les tons que François Hollande n’était absolument pas au courant des « dérives » personnelles de son ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, les amis du président de la République nous affirment maintenant qu’il ignorait tout des activités de Jean-Jacques Augier, le trésorier de sa campagne électorale de l’année dernière.

Ce chef de l’Etat (qui a d’ailleurs prétendu, lui-même, qu’il ne savait rien ni des turpitudes de Cahuzac ni du business d’Augier) est tout de même étonnant. Il n’a jamais rien vu, jamais rien entendu, jamais rien appris et toujours tout ignoré. C’est un gros naïf, sourd et aveugle, que les Français ont élu président de la République ! Preuve, sans doute, qu’ils étaient eux aussi d’une naïveté, d’une surdité et d’un aveuglement affligeants.

Hollande ne savait pas que la crise était si grave, que l’austérité tuait l’innovation et la consommation donc la croissance, qu’un pays désindustrialisé ne pouvait plus s’offrir un Etat-providence, ni même… que son ministre du Budget était un fraudeur, voire un escroc en col blanc, et que son trésorier faisait du business dans les paradis fiscaux.

A force de plaider l’innocent, il apparaît comme un irresponsable absolu. Qu’il n’ait pas compris la gravité de la crise mondiale, les défis épouvantables que la France avait à relever et qu’il n’ait jamais eu la moindre idée sur ce qu’il fallait faire pour essayer de s’en sortir est une chose. Mais qu’il ne se soit jamais étonné de la fortune et du train de vie de Jérôme Cahuzac est inadmissible, tout comme il est invraisemblable qu’avant de le charger de contrôler la trésorerie de sa campagne, il n’ait jamais demandé à son vieux copain de l’ENA, Jean-Jacques Augier, ce qu’il était devenu et ce qu’il était allé faire en Chine.

On ne nomme pas quelqu’un ministre du Budget ou trésorier de sa campagne sans avoir au moins quelques assurances, voire même sans avoir pris quelques renseignements sur son intégrité et ses relations. Personne, même parmi ses plus sévères adversaires, ne peut croire un seul instant que François Hollande soit d’une telle candeur !

On nous dit aujourd’hui que les deux affaires n’ont rien à voir entre elles. Cahuzac a commis et reconnu des fautes qui relèvent du tribunal. Augier nous affirme qu’il n’a rien fait d’illégal en ouvrant ses comptes aux îles Caïmans. On veut bien le croire… jusqu’à preuve du contraire. Mais le problème n’est pas là.

L’affaire Augier - car affaire il y a - ne concerne (pour l’instant) ni le code pénal ni le code général des impôts. Mais c’est un problème de… « morale », si tant est que ce mot ait encore une signification dans notre pauvre pays. Et en politique la morale est plus importante que les lois.

François Hollande a fait toute sa campagne en fustigeant l’argent, les riches, la finance et en nous promettant qu’il s’attaquerait aux revenus du capital, aux salaires excessifs, aux parachutes dorés et… aux paradis fiscaux.

Que son propre trésorier ait eu - même en parfaite légalité - des comptes aux îles Caïmans, l’un des plus grands paradis fiscaux de la planète, est donc parfaitement insupportable.

Sur la tribune, Hollande jouait les purs, les intègres, les moralistes, les donneurs de leçons, les chevaliers blancs et, derrière le rideau, en coulisses, comptant et recomptant les billets envoyés par les généreux donateurs, il y avait un homme d’affaires, son propre trésorier, qui rigolait en l’entendant, tout en appelant sur son portable Georgetown, capitale des Caïmans, pour savoir si son petit magot avait grossi dans la journée. Un peu plus loin, Cahuzac téléphonait, lui, à Singapour. Qui sait même si les deux lascars ne s’échangeaient pas quelques tuyaux avant de retrouver leur candidat, parangon de toutes les vertus, pour aller souper dans un bistrot du coin avec quelques militants socialistes.

Cahuzac n’est peut-être qu’une brebis galeuse, mais Augier démontre que la gauche hollandaise est tout aussi « caviar » que celle de Mitterrand. Cahuzac va, on peut du moins l’espérer, être condamné par la justice, Augier, lui, entraîne toute la gauche dans le box des accusés, devant le tribunal de l’opinion publique. C’est beaucoup plus grave…

Thierry Desjardins


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