www.claudereichman.com


Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme

A la une

20/12/10 Thierry Desjardins
   Gbagbo : quand Sarkozy lui montrait l’exemple !

Laurent Gbagbo, l’abominable potentat de Côte d’Ivoire, a été battu aux élections présidentielles auxquelles il ne pouvait plus échapper après avoir réussi à les retarder pendant plus de cinq ans. Les résultats du scrutin sont sans appel. Son adversaire, Alassane Ouattara, a obtenu 54% des voix.

Mais Gbagbo veut se maintenir au pouvoir en contestant ces résultats sous prétexte que Ouattara l’aurait emporté très largement dans les régions favorables à… Ouattara.

C’est évidemment scandaleux et la communauté internationale a parfaitement raison de menacer ce dictateur des tropiques des pires sanctions (notamment celle à laquelle il sera le plus sensible, le gel de tous ses avoirs à l’étranger) s’il continue ainsi à se cramponner au trône.

Cela dit, Nicolas Sarkozy était évidemment le plus mal placé pour lui intimer l’ordre de s’incliner devant la volonté populaire, au nom du respect de la démocratie.

D’abord, parce que la France est l’ancienne puissance coloniale de la Côte d’Ivoire et que, dans ces pays-là, dès que nous nous permettons d’ouvrir la bouche, nous sommes immédiatement taxés de néo-colonialisme. Cinquante ans après les indépendances, la francophobie reste l’une des armes de prédilection de tous ces régimes pour peu qu’ils aient à affronter la moindre difficulté.

De plus, nous avons de très nombreux compatriotes installés en Côte d’Ivoire et il est évident que Gbagbo va essayer de les désigner à la vindicte populaire pour apaiser la colère de ses partisans. Il n’était donc pas très malin de se montrer plus « pointilleux » sur les grands principes que les Nations-Unies, les Etats-Unis ou l’ensemble des pays européens.

Mais ensuite et surtout, parce que Nicolas Sarkozy est sans doute le chef d’Etat le plus mal placé de la planète pour reprocher à un de ses « collègues » de ne pas respecter les résultats d’une élection.

Gbagbo a été rejeté par 54% des Ivoiriens. 54%, c’est exactement le pourcentage des Français qui ont rejeté, en mai 2005, le traité instaurant une constitution européenne.
Or qu’a fait Sarkozy devant ce rejet très net par les Français de ce traité ? Il s’est assis dessus. Il a magouillé un « mini-traité » en tous points semblable à celui dont nous n’avions pas voulu et il l’a fait passer en douce non pas devant les électeurs (ce qui aurait été la moindre des choses) mais devant le Parlement qui lui était totalement acquis.

On peut penser ce qu’on veut de la construction de l’Europe, de la Constitution de Giscard et du mini-traité de Sarkozy, mais l’adoption du traité de Lisbonne par le Parlement a été une violation évidente de toutes les règles de la démocratie.

A ceux, bien rares, qui se sont permis de le lui faire remarquer, Sarkozy a toujours répondu que l’Europe était la meilleure chance pour la France et que 54% de « non » ce n’était pas un raz-de-marée. Gbagbo affirme aujourd’hui qu’il est la meilleure chance pour la Côte d’Ivoire et que 54%, ça ne veut rien dire.

Personne n’aurait, bien sûr, l’idée (sacrilège) de comparer Nicolas Sarkozy à Laurent Gbagbo. Mais on comprend que le tyranneau ivoirien rigole quand il entend Sarkozy lui donner des leçons de démocratie…

Thierry Desjardins



Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme