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17/1/14 Thierry Desjardins
              A quand deux messieurs à l’Elysée ?

Les dernières turpitudes de François Hollande rouvrent un vieux débat qui passionne les constitutionalistes mais qui devient particulièrement intéressant puisqu’il révèle les évolutions (et c’est un euphémisme) actuelles de notre société. C’est le problème du statut de l’épouse du chef de l’Etat.

Les vieux républicains, à cheval sur les principes, nous répètent que l’épouse du président, n’ayant pas été élue par le peuple, n’existe pas et n’a donc pas à avoir le moindre statut. Sur le fond, ils ont raison.

En pratique, ils ont évidemment tort puisque celle qu’on a pris l’habitude d’appeler « la première dame de France » gère l’Elysée, se trouve à côté du chef de l’Etat dans la plupart des réceptions officielles, l’accompagne à l’étranger où elle est censée représenter l’élégance française et reçoit des dizaines de milliers de lettres par an de Français qui, dans des situations souvent dramatiques, n’ont plus d’autre espoir que de s’adresser au « cœur » de l’épouse du président. Il n’est donc pas scandaleux qu’elle ait un bureau et un secrétariat à l’Elysée. Mais on peut lui donner un bureau sans lui accorder de statut.

Ce qui devient « amusant », c’est qu’avec les « progrès » récents de notre société, les constitutionnalistes vont devoir marcher sur des œufs.

En 2007, nous avons vu entrer à l’Elysée le premier président divorcé de l’histoire de la Vème République, Sarkozy. Bon. Quelques mois plus tard, il divorçait une seconde fois- bon- et nous présentait sa nouvelle « élue » qu’il épousait rapidement. Bon. Remplaçant Cécilia, Carla devenait « la deuxième première dame » du quinquennat. En 2012, Hollande succédait à Sarkozy. C’était, cette fois, le premier président « célibataire » de la Vème République. Célibataire ayant tout de même quatre enfants que lui avait donnés une de ses camarades de parti, et arrivant tout de même avec une compagne « officielle » Valérie Trierweiler. Bon.

Le problème du faux statut devenait cependant délicat puisqu’une concubine peut être plus facilement remplacée qu’une épouse. La suite des événements semble l’avoir démontré. Le statut de « la première dame de France » devient alors un simple CDD, voire un contrat de stagiaire résiliable à la première occasion, qu’elle soit compagne, concubine ou « pacsée ».

La parité exige, bien sûr, qu’on envisage l’élection d’une femme à la tête de l’Etat. Comment qualifiera-t-on son mari, son pacsé, son concubin, son compagnon ? « Le premier monsieur de France » ?

Le mariage homosexuel étant désormais instauré, il faut aussi prévoir le jour où un gay sera élu à la plus haute fonction de la République et gravira les marches du pouvoir en compagnie de son… « époux ». Mais - problème ! - il sera difficile de dire que le mari du président est « le premier monsieur de France » Dira-t-on « le deuxième monsieur de France » ? Même chose d’ailleurs en cas d’élection d’une lesbienne qui nous donnerait « les première et deuxième dames de France ».

On imagine avec effroi, le jour de l’intronisation, dans la grande salle des fêtes de l’Elysée, l’huissier aboyant : « Monsieur le président de la République et monsieur ! » Voire : « Madame la présidente de la République et madame ! »

Finalement, vu les mœurs de nos politiciens, il vaudrait mieux de pas soulever ce problème du statut de la première dame de France…

Thierry Desjardins


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