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24/12/10 Thierry Desjardins
                        Copinage et démagogie !

Ce qui est bien par les temps qui courent, c’est qu’on a l’embarras du choix pour s’indigner, s’insurger et gueuler (dans le désert). Qu’il pleuve ou qu’il neige à gros flocons comme en ce moment, « ils » innovent chaque jour dans la provocation, dans l’impudeur, dans le mépris du « bon peuple ».

La nomination de Rama Yade comme ambassadeur de France auprès de l’Unesco est, évidemment, scandaleuse. Etre ambassadeur c’est déjà bien, question salaire, résidence et notes de frais (on dit dans ce cas-là « frais de représentation »), mais l’être à Paris c’est encore mieux. On n’est pas dépaysé et, tout en se faisant appeler « excellence », on peut parfaitement continuer à voir ses copains.

En plus, on ne doit pas être débordé de travail. Personne n’a jamais su à quoi pouvait bien servir ce « machin du machin » qu’est l’Unesco si ce n’est à permettre à quelques milliers de fonctionnaires du monde entier de se goberger aux frais de la communauté internationale dans la plus belle ville du monde.

Quand on connaît le nombre d’illettrés de la planète, on se dit que ce « truc », créé en 1945 et dont le but officiel est de « contribuer au maintien de la paix en resserrant par l’éducation la collaboration entre les pays », pourrait être supprimé sans grand dommage. Surtout quand on sait qu’il absorbe goulument 70% de son budget pour sa propre administration, ne consacrant que 7% à la lutte contre l’illettrisme.

Ne soyons cependant pas totalement injustes. La dernière grande initiative de l’Unesco mérite, sans conteste, d’entrer dans une anthologie de l’absurdité. L’organisation internationale a, en effet, décidé d’inscrire… « le repas gastronomique à la française, avec ses rituels et ses présentations » (sic) au « patrimoine culturel immatériel de l’Humanité » (re-sic !) Avec, il est vrai, la dentelle au point d’Alençon.

Même si cela flatte notre fierté nationale et même si l’on apprécie à sa juste valeur la gastronomie française (et le point d’Alençon), on peut tout de même s’étonner que ces diplomates du monde entier, chargés de « contribuer au maintien de la paix » n’aient rien trouvé d’autre à faire que de comparer les différentes gastronomies de la planète. Quand on vous disait qu’ils se gobergeaient !

Rama Yade ne va donc pas crever de faim. Cela dit, sa nomination est effectivement scandaleuse. Mais qui pourrait s’en indigner. L’ambassade de France à l’Unesco est, depuis bien longtemps, le « fromage » qui sert de lot de consolation aux ministres virés. Elle succède à Catherine Colonna qui avait été virée du ministère des Affaires européennes (sans que l’on ait jamais su qu’elle en avait été la ministre déléguée) et on a oublié depuis longtemps que Françoise de Panafieu avait, elle aussi, été casée à l’Unesco quand, « petite jupette », elle avait été virée du ministère du Tourisme.

Personnellement, j’aurais préféré être nommé ambassadeur à Rome, pour habiter le palais Farnèse. Ou patron des chasses présidentielles pour vivre entre Rambouillet et Chambord. Mais là n’est pas le problème. Le problème est de savoir si, dans un Etat de droit –et « irréprochable », selon le mot de Nicolas Sarkozy lui-même - les postes de la haute administration sont attribués aux plus compétents ou aux meilleurs copains.

Dans un autre domaine, on pourrait aussi s’indigner de l’idée du jour d’abaisser l’âge de l’éligibilité à 18 ans. Pourquoi pas, dira-t-on, puisque Giscard a abaissé l’âge du droit à vote à 18 ans ? Oui, mais imagine-t-on un parlement composé uniquement de « gosses » vivant encore chez leurs parents, essayant encore de passer le bac et n’ayant toujours pas la moindre idée de ce qu’est le monde du travail ? « Le jeunisme, ça commence à bien faire ! » comme a dit Sarkozy à propos de cet autre fléau à la mode qu’est l’écologisme fanatique.

A propos de l’écologie d’ailleurs, cette nouvelle lubie de vouloir interdire les véhicules « polluants » dans les grandes villes mérite aussi un coup de gueule. Il faudrait arrêter de tout nous interdire, de fumer (même dans les bureaux de tabac), de boire (un peu, même le soir de Noël), de promener nos chiens sans laisse (même dans les parcs publics), etc. Jadis pays de toutes les libertés, la France est en train de devenir celui de tous les interdits, sous la tyrannie de quelques lobbies à la mode.

Quand on a visité les zones industrielles chinoises, indiennes ou américaines, on ne pense pas que ce soient vraiment les quelques 4×4 de nos « frimeurs des villes » qui mettent en péril la planète. Et a-t-on pensé aux malheureux banlieusards qui cherchent du travail à bord de vieilles voitures diesel et qui n’ont pas eu les moyens de profiter de la prime à la casse ?

Mais non. « Ils » s’en foutent. Copinage et démagogie semblent être, plus que jamais, les deux mamelles du pouvoir.

Thierry Desjardins


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