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25/3/13 Thierry Desjardins
 C’est désormais contre Hollande qu’on manifeste !

Sale dimanche, hier, pour le pouvoir. La manifestation contre le mariage homosexuel a été un énorme succès. Il suffit de voir les photos de la foule pour comprendre que le chiffre avancé par la préfecture de police de 350.000 manifestants est ridicule, même si le million et demi revendiqué par les organisateurs est sans doute un peu excessif.

Personne ne pouvait prévoir un tel raz-de-marée alors que le texte incriminé a déjà été approuvé par l’Assemblée nationale et va l’être sans problème par le Sénat. Mais, et c’est en cela que la journée a été importante, il ne s’agissait plus d’un baroud d’honneur pour une cause perdue.

Dès le début de la manifestation, on a entendu des slogans qui dépassaient de beaucoup le débat sur « le mariage pour tous ». D’innombrables marcheurs hurlaient : « Le chômage avant le mariage », et le mot d’ordre était repris sur un grand nombre de banderoles. Ce n’étaient plus seulement les défenseurs de la famille traditionnelle qui défilaient. Ils avaient été rejoints par les « Français de base » affolés par la situation et excédés par les atermoiements et l’incapacité de François Hollande à faire face à la crise qui s’aggrave de jour en jour.

Le président de la République s’était imaginé, très naïvement, qu’en jouant avec des réformes dites « sociétales » il ferait oublier au « peuple » le chômage, la dégringolade du pouvoir d’achat des classes moyennes et la misère qui frappe de plus en plus les « défavorisés ». Il s’est trompé. En espérant calmer la gauche de sa gauche et en voulant plaire aux bobos homosexuels parisiens, il a simplement allumé une mèche qui pourrait faire sauter tout le baril des mécontentements.

Hier, la foule lui a rappelé sèchement que, si sa lubie-gadget de faire marier à la mairie des gens du même sexe détruisait le principe même de la famille, elle était infiniment moins importante, dans l’immédiat, pour la majorité des Français, que la déliquescence complète de notre économie. Et on est rapidement passé du « Non au mariage gay » au « Hollande démission ». Certains allant jusqu’à pasticher un vieux slogan en criant « Dix mois, ça suffit ! »

Manuel Valls a sans doute été l’un des rares à comprendre les risques politiques de cette démonstration de masse. Il a donc cru devoir donner aux forces de l’ordre des instructions pour réprimer énergiquement tout débordement. Une évidente maladresse qui va permettre ce matin à la presse mondiale de publier des photos d’« insurrection sur les Champs Elysées ». Bien mauvaises images pour Hollande qui guerroie au Mali, envoie des troupes en Centrafrique et fait donner les CRS au cœur même de sa capitale. Finalement, ce type n’est pas « normal ».

On ne voit pas comment le président va pouvoir sortir de ce guêpier. Après s’être « dégonflé » pour le vote des étrangers, pour le cumul de mandats, pour les 75% et même pour la croissance, il ne peut plus reculer sur son mariage homosexuel. Or il est évident que ces centaines de milliers de manifestants qui sont descendus dans la rue ne vont pas désarmer, maintenant qu’ils ont déjà remplacé leur combat contre le mariage gay par une opposition frontale au pouvoir socialiste.

Mais la plus mauvaise nouvelle est sans doute venue de Beauvais, avec les résultats du second tour de l’élection législative partielle de la 2ème circonscription de l’Oise.

On le sait, la candidate socialiste, Sylvie Houssin, avait déjà été éliminée dès le première tour, alors pourtant qu’en 2012 elle avait obtenu 38,85% des voix et avait bien failli l’emporter. On attendait donc, hier, une très large victoire de l’éternel Jean-François Mancel, le candidat de l’UMP, sortant et réélu depuis plus d’un quart de siècle et qui n’avait plus en face de lui qu’une candidate du Front national, Florence Italiani.

Or, Mancel n’a été réélu qu’avec 51,41% des voix, l’institutrice inconnue du FN obtenant 48,59% des suffrages. On dira que Mancel est usé jusqu’à la corde, qu’il a eu des démêlés avec la justice, qu’il a peut-être eu à souffrir de la crise de l’UMP. Mais au 2ème tour des législatives de l’année dernière, dans une triangulaire, Florence Italiani n’avait obtenu que 22,18% des voix et on peut ajouter qu’en 2007, Anne Fouet, la candidate du FN d’alors, n’avait recueilli que 8,21% des voix.

Cette partielle de l’Oise confirme que les électeurs ne veulent plus des candidats du PS (on l’avait déjà vu lors des premières partielles de décembre dernier, quand la candidate socialiste de la 6ème circonscription de l’Hérault avait été largement battue par un UMP et que la droite l’avait aussi facilement emporté dans les Hauts-de-Seine et le Val-de-Marne), et qu’ils hésitent de moins en moins à voter Front national.

Thierry Desjardins


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