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25/1/09 Steve Hanke

Attendez-vous à davantage de panique des marchés financiers !

Il y a beaucoup de torts chez tout le monde, mais le principal coupable est la Fed.
Dans mon éditorial du 16 avril 2007, j’avais averti que les Etats-Unis avaient été pris dans le piège d'une dangereuse phase d'emballement et de crise qui avait commencé par du crédit bon marché et se terminerait par l'effondrement des prix de l'immobilier et des actions. Lorsque la crise est survenue, elle a été pire que je ne l'avais imaginé. Maintenant, il faut savoir quoi faire. Pour trouver dans cette tempête une "zone de sûreté", il faut rejeter la panique des médias et comprendre à quoi nous devons de nous retrouver dans ces eaux tumultueuses.

Il y a beaucoup de torts chez tout le monde, mais le principal coupable est la Réserve fédérale. À la fin de 2002, c'est Ben S. Bernanke, alors gouverneur de la Fed et désormais son président, qui a fait croire à Alan Greenspan, alors son président, que les États-Unis étaient en proie à la déflation. En conséquence, la Fed a pressé le champignon de l'accélérateur monétaire. A partir de juillet 2003, le taux des Fed Funds avait été abaissé à 1 %, où il est demeuré pendant un an. Et ce taux d'intérêt fixé artificiellement bas a déclenché, comme dirait Saddam, la mère de toutes les fluctuations monétaires.

Le laxisme de la Fed a lancé l'économie, entraînant les ventes aux utilisateurs finaux à un taux de croissance intenable de 7 % par an en termes nominaux (les ventes aux utilisateurs finaux, définies comme le produit intérieur brut moins les importations nettes et l'accroissement des stocks, sont un indicateur des produits et services achetés aux Etats-Unis).

En même temps, la politique monétaire laxiste a encouragé les investisseurs à prendre des risques excessifs à la recherche de rendements élevés. Pour tirer le parti maximum de rendements minuscules, l'endettement était devenu au goût du jour. Le carry trade - l'emprunt dans des monnaies à faible rendement pour investir dans des monnaies à rendement élevé - est aussi devenu populaire.Emprunter, emprunter, emprunter. J'ai observé cette construction perverse se bâtir avec un mélange d'étonnement et de terreur. Il fallait qu'elle se casse la figure. Et c'est ce qu'elle a fait.

L'erreur de politique monétaire de la Fed a aussi affaibli le dollar et donc relancé la hausse des prix des matières premières. Lorsque le dollar baisse par rapport aux autres monnaies, les prix du blé, du maïs, du riz et de l'huile remontent en termes de dollars. La monnaie a commencé sa descente au début de 2002, en grande partie à cause de la politique de la Fed, et le dollar a atteint le fond à la mi-juillet 2008, après avoir diminué de 44 % par rapport à l'euro au cours de la période. En même temps, le prix du baril de pétrole a été multiplié par sept, jusqu'à 146 $ en partant de 20 $. Près de la moitié de cette hausse était due à une hausse de la demande (par exemple de l'Inde et de la Chine), le reste peut être mis au compte du dollar faible. La même chose s'est produite avec d'autres produits de base sur les marchés internationaux comme le riz et le soja.

Le Congrès n'y en a pas moins a joué son rôle. En 2003 et 2004, Fannie Mae et Freddie Mac, acheteurs de prêts hypothécaires "soutenus" par l'Etat, avaient été pris dans les scandales sur la manière dont ils tenaient leurs comptes. Pour neutraliser le Congrès, ils ont multiplié les prêts immobiliers aux familles à faible revenu. Et le truc a marché comme un charme. Barney Frank, aujourd'hui président de la Commission des Affaires Financières, a fermé les yeux sur leurs magouilles comptables et porté aux nues la nouvelle croisade. C'était là un exemple caractéristique. Au cours de la période 2004-2007, Fannie et Freddie sont devenu les plus gros acheteurs de prêts hypothécaires dits subprime et borderline avec un engagement total d'un billion de dollars, contribuant ainsi puissamment à la bulle immobilière, de même qu'à son effondrement final.

Pendant que la Fed et le Congrès s'affairaient à provoquer un emballement et une crise catastrophiques, le gouvernement Bush ne restait pas inactif. Il aggravait les choses en dépensant sans compter et en accumulant de l'endettement. Quelques semaines seulement avant que la loi de renflouage géant ait été promulguée, le Congressional Budget Office avait publié un rapport indiquant que les dépenses de l'Etat "avaient placé l'économie sur une trajectoire impossible à maintenir". Celui-ci prévoyait qu'au cours de la décennie à venir, la dette publique détenue par le public passerait de 5.4 billions de dollars à 7,9 billions de dollars d'aujourd'hui, 46 % d'augmentation. Et cela n'incluait pas les engagements non financés de la retraite par répartition et de Medicare, d'un montant total de 100 billions de dollars en valeur actuelle.

Pour ce qui est des 700 milliards de dollars de renflouage, le gouvernement et le Congrès ont dû, pour faire passer leur projet de loi, effrayer à mort le public et promettre la sécurité à une population affolée après toutes ces défaillances de l'Etat qui avaient créé la crise. Les rumeurs alarmistes, au moins, ont bien joué leur rôle. Le renflouage, en revanche, aura-t-il les effets annoncés ? Le plan A prévoyait que l'Etat achète auprès des banques des créances hypothécaires douteuses. Henry Paulson a fini par se rendre compte qu'il ne pouvait payer aucun prix qui lui permette de soutenir les banques sans compromettre le Trésor.

Au moment où cet article partait chez l'imprimeur, l'Etat avait pris une tout autre direction - se servir de l'argent des contribuables pour accumuler des actions privilégiées des banques. Attendez-vous à encore davantage de conduite irresponsable de la part des politiques et à davantage de panique de la part des marchés. Nous allons assister à court terme à une déflation entraînée par le désendettement, et à long terme à un surcroît d'inflation. Conservez les couvertures fondées sur l'or que j'ai déjà recommandées (dernièrement dans mon éditorial du 11 août) et conservez un plein volume de titres du Trésor américain indexés contre l'inflation.

Steve Hanke

NDLR : Cet article de Steve Hanke, professeur d’économie et Senior Fellow du Cato Institute (USA,) a paru dans la revue Forbes le 10 novembre 2008. Il n’a rien perdu de son actualité

 

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