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Une contrevérité de plus pour justifier les privilèges de la fonction publique

25/9/03 François Richier
Les représentants, syndicaux notamment, de la fonction publique, sans aucun complexe, et bien relayés comme il se doit par les grands médias, prétendent justifier les privilèges dont bénéficient les agents du secteur public en affirmant que " ceux-ci sont en moyenne beaucoup plus diplômés et qualifiés que les travailleurs du secteur privé ".
C'est une contre vérité manifeste. De plus, malicieusement, elle sous entend qu'en raison d'études et de formations plus longues et plus élevées, les fonctionnaires aborderaient la vie professionnelle plus tard et, en conséquence, notamment que leurs droits à retraite s'ouvriraient plus tard. C'est ainsi que par exemple la minoration d'annuités pour obtenir une retraite par répartition à taux plein par rapport au secteur privé s'avèrerait parfaitement justifiée.

Sans être exhaustifs, faisons quelques mises au point.

1. Défaillances professionnelles

Les révélations des défaillances professionnelles de tous ordres, techniques, financières, administratives, éducatives, etc., du secteur public sont couramment révélées par la Cour des comptes, les commissions d'enquête parlementaires, l'Institut Français pour la Recherche sur les Administrations Publiques, Contribuables Associés, la Presse . Certes le système public induit passivité et irresponsabilité, mais, à y regarder de plus prés, ce sont des femmes et des hommes et non des robots qui le font fonctionner et ils ne peuvent pas s'exempter de compétence et de responsabilité.
Bornons nous à trois exemples dans des domaines tout à fait différents:
" L'armée des enseignants et agents de l'Education nationale (1 100 000 personnes au total) fournit chaque année des cohortes d'illettrés et de futurs chômeurs. Les enseignants peuvent-ils se prévaloir d'être pour la plupart bien diplômés et qualifiés ?
" Les ingénieurs et techniciens des Constructions et armes navales et des arsenaux ayant conçu et construit le porte avions Charles de Gaulle, dont les hélices se détachent au premier tour de turbine, peuvent-ils honnêtement se prévaloir d'être mieux diplômés et formés que les ingénieurs et techniciens des chantiers privés ?
" Les médecins et scientifiques du Centre national de transfusion sanguine (organisme public) et du ministère de la santé qui ont permis la contamination par le virus du SIDA de milliers de transfusés oseront-ils se prévaloir de diplômes et de qualifications supérieures à leurs confrères attachés aux grands laboratoires pharmaceutiques ?

2. Les grandes écoles

Chacun s'accorde à considérer que nos grandes écoles d'ingénieurs et de gestion pratiquant une sévère sélection à l'entrée forment les véritables élites qui rivalisent avec les meilleures écoles et universités étrangères.
Or à l'exception évidemment des grandes écoles militaires : Polytechnique, Navale, l'Air, Saint-Cyr et bien entendu de l'E N A, une infime minorité des diplômés des grandes écoles s'oriente vers la fonction publique. Pour ces diplômés la double formation supérieure est courante, par exemple Centrale + Sup. Elec, H E C + expertise comptable, Arts et Métiers + Sup. Moteurs, Mines + maîtrise de droit. Nombre d'entre eux n'hésitent pas à acquérir une formation complémentaire dans des universités ou écoles étrangéres les plus renommées, américaines notamment. Ils sont bilingues, quelques fois trilingues. Ils constituent les équipes dirigeantes de nos entreprises les plus prestigieuses et les plus performantes, à la condition que ne " pantouflent " pas à leur direction des énarques ou autres hauts fonctionnaires comme on l'a vu chez Vivendi, à France Télécom, au Crédit Lyonnais et dans bien d'autres sociétés.
Grâce à eux et à leurs collaborateurs, malgré le poids de la "charrette publique" à traîner, notre économie privée n'est pas en faillite et rivalise encore avec l'étranger. La productivité des travailleurs du secteur privé français est l'une des meilleures du monde, mais lorsqu'on intègre le secteur public, notre productivité rétrograde au vingtième rang.
Pour ces diplômés, les 35 heures s'effectuent deux fois par semaine !
Malheureusement certains d'entre eux s'expatrient, fuyant le matraquage fiscal et administratif de " l'exception française " au caractère nettement soviétoïde.

3. Annuités ouvrant droit à retraite

Limitons-nous aux cas des fonctionnaires de catégorie A. Prenons deux jeunes gens faisant leurs études de droit et ayant obtenu la licence. Le premier ressent une vocation de traque des chefs d'entreprises dynamiques. Il présente et réussit l'examen d'entrée à l'Ecole nationale des impôts (E N I). Le second, au contraire, entend se destiner à une carrière de juriste-fiscaliste d'entreprise. Tous deux passent leur maîtrise de droit des affaires et de fiscalité. Le second se spécialise en fiscalité en passant un D E S S.
Le premier, dés son entrée à l'E N I, perçoit une rémunération tout en poursuivant ses études de maîtrise et acquiert immédiatement des annuités pour sa retraite.
Le second, à condition de trouver immédiatement un emploi en fin de son cycle d'études, prendra au moins deux annuités de retard sur le précédent.

4. Agents de catégorie B et C

Il s'agit des gros bataillons de la fonction publique et des entreprises nationalisées ayant reçu, comme pour les travailleurs du secteur privé, des formations et diplômes techniques et généraux de base : Bac, C A P, B P, et fréquemment, hélas, n'ayant aucune formation en raison du naufrage de notre système éducatif. Comme les travailleurs du secteur privé, ils remplissent des tâches essentielles. L'inconvénient est qu'ils sont deux fois trop nombreux pour les accomplir par rapport au secteur privé français et au secteur public des autres pays développés : Angleterre, Etats-Unis, Allemagne, Japon et même aujourd'hui Russie !
Ce n'est pas en leur attribuant des titres " ronflants " d'inspiration syndicalo- technocratique que l'on élève automatiquement leur niveau de qualification. C'est ainsi qu'on emploie le titre d'agent de salubrité pour un cantonnier, d'agent spécialisé des écoles maternelles pour une animatrice, de préposé des postes pour un facteur, d'agent technique qualifié pour un mécanicien poids lourds, d'opérateur des activités physiques et sportives pour un gardien de gymnase etc.

5. Promotion par concours et examens internes

Souvent il est fait référence aux concours et examens permettant la formation et la promotion interne des agents du service public. Effectivement des organismes tels que par exemple les centres de gestion, le centre national de la fonction publique territoriale, les instituts de formation des maîtres dispensent les formations permettant de passer ces concours et examens.
Deux observations s'imposent :
- Leurs niveaux sont loin d'approcher ceux des organismes de formation principalement à destination du secteur privé, tels que les centres de formation des chambres de commerce et d'industrie, le conservatoire national des arts et métiers, le centre de perfectionnement aux affaires, le centre de recherche des chefs d'entreprises.
- Du fait de la main mise des syndicats sur les organismes de formation de la fonction publique, on pourrait même considérer, en exagérant à peine, que ceux qui ne réussissent pas leurs concours ou examens sont les meilleurs parce qu'ils ont résisté à l'encartement syndical !

Ces mises au point doivent permettre aux travailleurs du secteur privé de n'éprouver aucun complexe

François Richier

 

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