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14/7/12 Claude Reichman
                  La chute de la maison France !

L’effondrement de Peugeot marque les esprits parce que tout le monde a compris qu’il n’est rien d’autre que celui du pays tout entier. Ainsi en va-t-il des symboles, qui seuls, à un moment donné, peuvent faire prendre conscience à chacun qu’il ne s’agit pas d’un évènement extérieur mais de son propre destin.

Rien n’était plus prévisible que la déconfiture du constructeur français. Depuis plus d’un an son président, Philippe Varin, multipliait les interventions médiatiques sur un thème simple : le poids des charges sociales. Pour un groupe industriel qui a maintenu 44 % de sa production en France quand Renault n’y fabrique plus que 23 % de ses voitures, le handicap est insurmontable.

Bien entendu, pour éviter d’avoir à s’interroger sur le bien fondé du « modèle social français », les politiciens et les médias s’en prennent aux erreurs de gestion de PSA. Ils oublient que toutes les décisions d’une entreprise sont conditionnées par le terrain sur lequel elle opère. Si vous gagnez de l’argent chez vous, vous pouvez vous adapter à l’évolution du contexte mondial en faisant les investissements et les diversifications qui s’imposent. Sinon, vous passez votre temps à courir après une rentabilité qui ne cesse de s’éloigner et vous ne réussissez aucun de vos gestes.

L’erreur de Peugeot est d’être resté en France. Ce dont les politiciens le félicitaient … jusqu’à l’effondrement de l’entreprise, qui leur inspire soudain des accents vengeurs qu’ils feraient bien de tourner vers eux-mêmes. Car enfin, si le « modèle social français » est insoutenable pour notre économie, c’est qu’il aurait fallu le changer, et depuis longtemps !

Pendant la campagne présidentielle qui s’est étalée sur une année entière, il n’a jamais été question de réformer la protection sociale. Les journalistes ont été tout fiers et tout contents des interminables émissions qu’ils ont proposées aux Français. Mais qu’en est-il ressorti ? Un vide sidéral. Les politiciens ont évité tous les sujets délicats et celui qui a été élu n’avait rien prévu d’autre que d’être normal, ce qui est, quand on se veut un homme d’Etat, profondément anormal. Et maintenant nous allons payer la facture : notre économie s’effondre et les Français ne savent plus à quel saint se vouer.

Le choc Peugeot va être suivi de beaucoup d’autres. Après des décennies d’inconscience collective et de rêves éveillés, le retour aux réalités va être terrible. Tout va se mettre à aller très vite, alors que la France s’alanguissait dans les délices du statu quo. En quelques mois, nous allons être obligés de couvrir le chemin que nos voisins et concurrents d’outre-Rhin ont mis dix ans à parcourir. Et nous allons devoir le faire dans les pires conditions, puisque plus rien ne fonctionne vraiment dans notre pays.

« Levez-vous vite, orages désirés ! » L’injonction de Chateaubriand a, pour la France d’aujourd’hui, tout d’un remède. Il est des moments, dans la vie d’un peuple, où seule la crise peut le sauver, même si elle peut aussi le perdre. Tout dépend de quelques-uns. Qui soient capables de galvaniser les esprits et de vaincre « le relâchement de tous », dans lequel Tocqueville voyait le plus grand danger pour la société.

Il est incroyable que le vainqueur de l’élection présidentielle l’ait été sur le fondement du slogan « Le changement, c’est maintenant », alors que tout son programme reposait sur le plus total immobilisme, exception faite de la hausse des impôts nécessaire pour maintenir « le modèle social français ».

Eh bien, voyez-vous, monsieur Hollande, le changement, c’est maintenant ! Mais ce n’est pas celui auquel, stupidement, vous vous prépariez. Tout va bouger dans le pays. Et dans tous les sens. Je serais vous, j’aurais ma petite valise prête, pour pouvoir quitter l’Elysée à tout moment. La maison France s’effondre et il n’est pas sûr que les sinistrés soient animés de bons sentiments à votre égard. Ni à celui de vos prédécesseurs. Dieu reconnaîtra les siens !

Claude Reichman
Porte-parole de la Révolution bleue.

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