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31/10/07  

Jean-Michel Aphatie : « Nous sommes à la veille d’un grand chambardement financier de l'Etat. »

Ce que le journaliste Jean-Michel Aphatie ne peut dire à l’antenne de RTL (où il réalise l’interview politique du matin, chaque jour à 7 h 50), il l’écrit sur son blog (https://blogs.rtl.fr/aphatie/). Le 30 octobre 2007, il a ainsi évoqué la grave crise des finances publiques françaises, dont les conséquences vont être très douloureuses pour nos compatriotes et qui risque, si elle n’est pas maîtrisée par le gouvernement, d’entraîner l’euro dans sa chute. On peut lire également à ce sujet notre article du 29 octobre 2007 : « Attachez vos ceintures ! »

Problème
. La difficulté est sans doute ailleurs. Je l'écris souvent ici, et certains se fatigueraient même de le lire selon leurs messages, nous sommes à la veille d'un grand chambardement financier de l'État. Les autorités françaises ont pris l'engagement auprès des autres membres de la zone euro de parvenir à l'équilibre budgétaire au plus tard en 2012. Ceci veut dire que dans un délai très court, l'État français devra amputer ses dépenses de quarante milliards d'euros, somme considérable, qu'il faut rapporter pour l'évaluer au niveau de dépenses général, 270 milliards, soit environ 15%. Cette diminution devra s'effectuer sans le secours d'un supplément de croissance que seuls les plus crédules d'entre nous, et qui paraissent tous siéger au gouvernement, attendent encore. C'est dire si, sauf à renier nos engagements, ce qui serait une autre histoire, la purge sera profonde.
C'est sur ce fond là, de sacrifices imminents et douloureux, très douloureux, une douleur à la hauteur de trente années de gabegie, avivée encore par le sentiment d'irresponsabilité dans ce gaspillage, que l'augmentation de salaire du président de la République peut apparaître impudente. Mais la contester en elle même ne paraît ni réaliste ni souhaitable.

Pour rire. Imaginons, après tout, nous sommes la France, n'est-ce pas ?, que nous ne tenions pas notre engagement public et réitéré d'être à l'équilibre budgétaire en 2012. Aux Luxembourgeois, aux Espagnols et aux Allemands nous disons le fameux mot de Cambronne, et si vous n'êtes pas contents, c'est pareil. Que se passerait-il ? Croit-on que nos "amis allemands" avec qui nous sommes amis laisseraient passer le coup sans moufter? Et s'ils mouftent, que pourraient provoquer des propos de colère sur la scène financière ? Tout à coup, un manque de confiance dans un euro transnational exprimant des économies nationales divergentes ? Un manque de confiance dans une monnaie qui verrait ses principaux partenaires s'engager dans la colère et les reproches ? Alors, tout à coup, sur fond de crise politique, une spéculation contre l'euro, des sommes faramineuses vendues sur les marchés monétaires, une dégringolade de l'euro, l'euro faible tiens tout à coup, on comprendrait la douleur, et le risque d'une vertigineuse descente dans les enfers de la crise monétaire.
On ne joue pas avec la monnaie. D'autres pays, à d'autres époques, mais aussi à des époques très récentes, ont cruellement expérimenté la vérité de cette maxime. Les engagements pris et attendus devront être respectés. Il n'existe pas d'échappatoire. La parole donnée doit être tenue. La parole donnée fera mal. Et personne, personne, voilà la vraie faiblesse des élites françaises, ne prépare l'opinion publique à ce qui, inéluctablement, surviendra en France.

 

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