www.claudereichman.com


Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme

A la une

15/3/12 Michael Boskin et John Cogan
             L’Etat-providence a tué la prospérité
                              de la Californie !

Longtemps avant-coureur des tendances nationales et un incubateur d'innovations, l’Etat de Californie, à court d'argent, attend avec impatience une hausse temporaire de ses recettes avec l’entrée en bourse de Facebook. Pendant ce temps, Stockton pourrait bientôt devenir la plus grande ville de l'Etat à faire faillite. Appelez cela l'agonie et l'extase de la Californie contemporaine.

L'amélioration du niveau de vie, des écoles publiques et des universités attiraient autrefois en Californie des millions d’individus en quête d’ascenseur social. Mais quelque chose s'est radicalement faussé quand les assemblées législatives et les gouverneurs de Californie ont construit un Etat-providence sur des taux d'imposition élevés et une réglementation excessive pour financer une pléthore de prestations sociales en faveur des immigrés. Les résultats, bien que prévisibles, n'en sont pas moins frappants. Entre 1985 et 2005, la population de la Californie a augmenté de dix millions d'individus. Tandis que le nombre de bénéficiaires de Medicaid a augmenté de sept millions, le nombre d’assujettis à l’impôt sur le revenu a augmenté de seulement 150.000, et la population carcérale a gonflé de 115.000.

L'économie californienne, qui avait coutume de dépasser celle du reste du pays, est maintenant nettement à la traîne. Le taux de chômage à 11% est supérieur à tout autre État, sauf le Nevada et le Rhode-Island. Avec 12% de la population de l'Amérique, la Californie a un tiers des bénéficiaires d'aide sociale de la nation !

En raison de salaires généreux et de prestations sociales revendiquées par les syndicats, un code rigide du travail et un lobbying permanent en faveur de plus de dépenses, beaucoup de programmes et d'institutions dépensent trop pour un résultat dérisoire. Par exemple, la dépense annuelle pour chaque détenu en Californie est égale au revenu après impôt d’un ménage. Beaucoup d’écoliers obtiennent de mauvais résultats dans les tests standardisés. Les retraites non provisionnées et les soins de santé des fonctionnaires qui sont gérés par le système Calpers s'élèvent à environ 250 milliards de dollars.

Pendant ce temps, l'Etat de Californie navigue entre farce et tragédie fiscale. Quelle que soit la conjoncture économique, le budget est toujours dans le rouge. La seule exception a été l’année 2005, au pic de la bulle immobilière, mais qui a été obtenue par une comptabilité « créative » et des reconnaissances de dette temporaires aux fournisseurs.

Maintenant, l’addition arrive à échéance. Après avoir exécuté un budget en déficit de 5 milliards de dollars l'an dernier et un autre du même ordre cette année, le gouverneur Jerry Brown va augmenter les dépenses de 7 milliards de dollars l'année prochaine et hausser l’impôt sur le revenu et la T.V.A. Plus précisément, il va soumettre à référendum une initiative pour porter le taux d'imposition sur le revenu à 12,3% et la TVA à 7,75%.

Bien que M. Brown ait eu le mérite de réduire certaines dépenses, son budget ne répond pas aux problèmes structurels. En outre, il a jusqu'à présent échoué à faire adopter un programme de réformes audacieuses pour économiser de l'argent, améliorer les services, et rétablir la confiance des détenteurs d'obligations. Pire, son budget repose sur une assiette étriquée de contribuables. 1% des contribuables les plus riches financent 50% des recettes. Cette progressivité extrême a conduit à des cycles erratiques de rentrées fiscales qui se sont terminés avec un effondrement complet depuis 2008. Des services sociaux et des tribunaux ont dû fermer faute d’argent. Le projet fiscal de M. Brown expose l'Etat à une situation encore plus critique que les montagnes russes.

Il n’est pas étonnant que de nombreux chefs d'entreprise de la Silicon Valley affirment qu'ils n’investiront pas en Californie en raison des impôts élevés et des réglementations excessives. Et il ne faut pas s’étonner que le flux migratoire se soit inversé avec des centaines de milliers de travailleurs et leurs familles quittant l'Etat à la recherche de meilleures opportunités ailleurs.

La Californie se classe toujours la première dans la technologie, l'agriculture et les divertissements parmi les 50 Etats de l’Union. Mais elle est au fond du classement en ce qui concerne le climat des affaires et les notations de ses obligations.

Beaucoup d'Américains craignent que le déraillement du train financier du gouvernement fédéral nous transforme en Grèce. Mais ils ne doivent pas regarder plus loin que la Californie pour voir ce que l’avenir nous prépare. S'appuyer sur plus d'impôts pour financer une population plus large d’assistés fait fuir les riches. C'est une tendance que d'autres Etats qui ont la Californie pour modèle devraient méditer à leurs risques et périls.

Personne ne devrait rayer la Californie de la carte. Elle a encore de grands atouts. Et elle peut transformer ces handicaps, comme la diversité ethnique et linguistique (la population est composée de 37% d’hispaniques et de 13% d'asiatiques), en force à long terme dans l'économie mondiale. Mais la classe politique doit faire face à la réalité : les services sociaux doivent être beaucoup plus ciblés et le système fiscal doit être révisé avec une base plus large d’assujettis (près de la moitié des Californiens ne paient aucun impôt national sur le revenu). (1)

M. Brown est un homme d'idées, qui a été candidat à l’élection présidentielle en 1992 en militant pour la flat tax. Au lieu de toujours augmenter les impôts qui tuent la croissance, il devrait briser l'emprise sur le législatif des syndicats de fonctionnaires et des environnementalistes extrémistes.

Une renaissance de la Californie passe par une vision, une détermination et une volonté politique inébranlable.

Michael J. Boskin et John F. Cogan

Note du traducteur :

(1) Comme la Californie, la France est accablée par une immigration massive et incontrôlée et par une politique fiscale punitive dont elle ne se relèvera pas de sitôt.


Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme