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7/4/09 Bill Bonner
    Laissez le marché baissier faire son travail

"Dans ce pays, les gens ne réalisent pas à quel point les choses peuvent mal aller", a déclaré Richard Russell samedi soir dernier. "J'ai vécu la Grande Dépression. Je me souviens des gens faisant la queue pour avoir du pain. Il était difficile d'avoir un emploi, n'importe quel emploi, à l'époque. Aujourd'hui, les restaurants sont encore pleins. Les gens dépensent encore de l'argent. Ils s'inquiètent peut-être et ils commencent peut-être à épargner, mais il n'y a pas de sentiment d'urgence. Et il y a un rebond à Wall Street. Vous savez, tous les marchés baissiers produisent des rebonds. On peut s'attendre à voir le marché reprendre entre un et deux tiers du terrain perdu".

"Et chaque marché baissier a une surprise. Je pense que la surprise, c'est que ce sera bien pire que ce qu'attendent les gens".

Richard Russell a 84 ans. Il écrit sa lettre d'investissement, la Dow Theory Letter, depuis 50 ans. Le week-end dernier, un groupe d'admirateurs - dont votre correspondant - s'est réuni pour le remercier.

On trouve beaucoup de gens ayant une opinion sur l'économie et le marché boursier. On ne peut pas allumer son ordinateur sans en trouver des dizaines. Mais on trouve peu de points de vue avec la profondeur d'expérience et de connaissance de Richard Russell. Il étudie "le langage des marchés" depuis plus d'un demi-siècle. Même si personne ne maîtrise entièrement le langage du marché, Richard peut au moins suivre une conversation avec lui.

"La tendance primaire est à la baisse", dit-il. En fin de compte, continue-t-il, peu importe ce que font Obama et Bernanke, la tendance primaire fera ce qu'elle voudra. Le marché baissier se poursuivra jusqu'à ce qu'il se soit "pleinement exprimé". Qu'est-ce que cela signifie ? Nous n'en savons rien... et personne d'autre non plus. Mais si ce marché a quelque chose à dire, c'est probablement qu'il l'a en tête depuis longtemps. Et nous sommes d'avis que ce n'est pas un message que les gens voudront entendre.

Richard a probablement raison. Après tant d'années passées à observer les marchés, il a développé un instinct lui permettant de sentir ce qui est en train de se passer. Ce sera pire que ce qu'attendent les gens, dit-il. Parce qu'en dépit de tous les gémissements et les râles dans la presse, la plupart des gens ne s'attendent toujours pas au pire. Au cours du dernier quart de siècle, ils ont appris à chercher les plus bas... pour acheter. Chaque fois que de vrais ennuis semblaient arriver, la Fed baissait les taux... et en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, on était de retour à la table de jeux. A présent, les gens ont peur de rater cette opportunité de nouveau boom.

Mais Richard est assez âgé pour regarder bien plus d'un quart de siècle en arrière. Il a vu la Grande Dépression. Et la Seconde Guerre mondiale. Ainsi que le marché baissier et la stagflation des années 70. Il sait que parfois, être plus que prudent peut rapporter gros. "Le liquide et l'or", déclare Richard, sont les seuls investissements que vous devriez détenir en ce moment ; on est bien loin du plancher.

L'une des choses qui nous poussent à penser cela, c'est que tant de gens cherchent le plancher. "Les investisseurs individuels se ruent sur Citigroup", titrait un journal la semaine dernière. Le vieil adage boursier sur le danger qu'il y a à rattraper un couteau qui tombe ne semble pas effrayer les investisseurs individuels souhaitant se positionner sur Citigroup Inc. Certains courtiers rapportent une augmentation d'investisseurs individuels achetant des actions Citigroup ces cinq derniers mois, alors que les cours des valeurs bancaires new-yorkaises baissent. Ces investisseurs pensent voir une opportunité. Nous pensons voir un piège.

Rappelez-vous que nous vivons une dépression, non une récession. Et grâce à une action déterminée du gouvernement, elle est sur le point de se muer en Grande Dépression. Dans une dépression, on ne peut pas ressusciter l'ancienne économie. Il lui faut des changements structurels - pour éliminer les erreurs de la période de bulle qui a précédé... et construire de nouvelles entreprises avec de nouvelles manières de faire les choses. La "destruction créatrice", selon l'expression de Schumpeter. Les choses qui ne marchent pas doivent être détruites... pour que les choses qui fonctionnent puissent utiliser le capital de manière plus efficace.

"Que feriez-vous si vous vous trouviez soudain au pouvoir aux Etats-Unis ? " demanda l'un d'entre nous lors du dîner de samedi. "Rien", a répondu Richard. "Je ne ferais rien. Je laisserais les choses se passer. Je laisserais le marché baissier faire son travail".

Amen.

Bill Bonner


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