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Bernard Kouchner nous rejoint : Bienvenue au club !

21/7/05 ClaudeReichman
Notre pays traverse aujourd'hui une crise majeure, face à laquelle les solutions d'hier et les clivages simplistes sont non seulement dépassés, mais nocifs.
Avec plus de 10 % de chômeurs, un jeune sur quatre sans travail et un Français sur cinq sans formation, un million d'enfants pauvres, des hôpitaux saturés, une assurance-maladie qui vit à crédit aux dépens des générations futures, le système social français n'est plus un modèle pour personne ; au mieux, c'est un vestige.
Notre économie va dans le mur : les comptes publics sont à la dérive, l'Etat dépense chaque année 25 % de plus que ses recettes, les exportations régressent. Dans quinze ans, avec l'allongement de la durée de vie, notre pays comptera 30 % d'actifs et 70 % d'inactifs.

Cessons de nous mentir : nous n'avons pas vu le monde changer. Sans repères et sans projet, perdant jour après jour son rang, sa puissance, son dynamisme, notre pays va mal.
Ceux qui prétendent aujourd'hui le contraire ne sont pas seulement des menteurs ou des égarés, ce sont des malfaisants. Je ne puis assister immobile à la déroute morale, politique et économique de mon propre pays. Il est criminel de faire comme si la France traversait un simple trou d'air dont nous pourrions sortir par des politiques héritées des années 1960.
La débâcle intellectuelle que nous vivons appelle des solutions radicalement nouvelles. Elle demande un véritable effort d'honnêteté et d'information, d'explication et d'implication. Notre pays y aspire.

La France réelle, la France qui souffre, n'a plus les moyens de vivre dans ce monde virtuel dessiné par des dirigeants malhabiles ou soucieux de conserver leurs mandats.
La France est aujourd'hui dans l'urgence. Elle a besoin de vrais débats, elle exige de vraies clarifications, qui tranchent avec la culture frileuse du non-choix que nous subissons depuis des décennies. Les Français le savent, ils sont prêts à accepter les conséquences de la vérité, fussent-elles douloureuses. Encore faut-il cesser de tuer en eux le goût du risque et décider de leur parler, de les écouter, d'expliquer, de débattre …

L'histoire de la France s'est remise en marche

Cesser de mentir, c'est avant tout sortir d'une vision méprisante et élitiste de la politique, fondée sur l'idée que le peuple ne peut pas comprendre les enjeux de notre monde complexe.
Brassons les idées, proposons des solutions, le choix des hommes et des femmes viendra plus tard.
Le bouillonnement qui s'est emparé de notre pays durant la campagne référendaire du printemps l'a montré : les Français sont avides de confrontations fécondes. Ils savent que nous sommes dans une période de terribles incertitudes qui exigent de profondes remises en question, mais ils refusent l'impuissance autant que le déni. Ils veulent retrouver la France dont ils sont fiers, celle qui avance, celle qui marque des points, pas celle qui accuse la fatalité de l'échec. Ils veulent construire l'Europe, à condition d'en être les acteurs et non les victimes.
Ils savent surtout que seul le travail engendre du travail, de la confiance et de la croissance, et que, pour avancer, il nous faudra travailler plus. Ayons l'honnêteté de dire les choses telles qu'elles sont, et non telles qu'elles étaient il y a cinquante ans. Et ayons l'audace d'inventer tous ensemble les solutions du futur.

Les lignes qui précèdent ne sont pas de moi, mais de Bernard Kouchner. Elles ont paru dans un article publié à la une du Monde du 21 juillet 2005. Pour que l'illusion soit parfaite, je n'y ai pas mis de guillemets en les reproduisant.
Ceux qui me font l'honneur de suivre et de soutenir mon action auront reconnu les analyses, les raisonnements, les arguments que je développe depuis des décennies, et jusqu'aux mots que j'emploie. Que de temps il faut à la vérité pour cheminer et apparaître enfin au grand jour ! Le fait que l'homme le plus populaire de France, si l'on en croit les sondages, se rallie à ce point et aussi spectaculairement à notre opinion est un signe fort. Il marque l'entrée de notre pays dans une nouvelle phase de son histoire, celle où l'opinion publique bascule et va provoquer le renversement du régime en place.

Bien entendu, de même qu'on reconnaît les extraterrestres au fait qu'ils ont un doigt plus long que celui des habitants de notre planète, Bernard Kouchner laisse apparaître l'homme de gauche qu'il est en terminant son exposé par la formule cabalistique et pathognomonique de la secte socialiste : " Notre France doit redevenir une référence pour un nouveau partage des richesses et de l'espoir, ici, chez nous, et là-bas, chez les autres. " Comme si tout son plaidoyer ne venait pas de démontrer que le problème français n'était pas de partager les richesses mais de les produire !

Mais peu importe. Tout le monde a compris que Kouchner n'est que le premier d'une longue file de politiciens qui, emportés par le tsunami du 29 mai, vont chercher désespérément à s'accrocher aux branches pour ne pas périr noyés. En réalité, bien peu réchapperont de ce raz-de-marée. Les changements radicaux que va inéluctablement connaître la France ne peuvent que s'accompagner d'un renouvellement complet des représentants politiques de la nation, tant il est vrai, comme le disait Einstein, qu'" on ne résout pas les problèmes avec ceux qui les ont créés ".

Après une très longue période de stagnation, l'histoire de la France s'est remise en marche. Les vieux pays ne meurent jamais.

Claude Reichman

 

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