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15/5/11 Ronald Bailey
           Plus de commerce, c’est plus d’emploi !

« Le commerce n’a jamais ruiné une nation », a dit Benjamin Franklin. Il ajouta : « Même celui qui semble le plus désavantageux ». Franklin était convaincu que le commerce non entravé était bon pour tout le monde. En ce début du 21ème siècle, nombreux sont les Américains et leurs politiciens à croire le contraire car la mondialisation permet à des entreprises de délocaliser des emplois.

Au cours de la campagne de mi-mandat de 2010, le comité national des démocrates organisa une campagne télévisée accusant plusieurs candidats républicains de favoriser des politiques qui externalisent les emplois à l’étranger. Plus récemment, le leader de la majorité au Sénat Harry Reid (Démocrate, Nevada) déclarait : « Je pense que nous devrions en faire beaucoup plus pour limiter la délocalisation des emplois à l’étranger. » Au même moment, les négociations du cycle de Doha menaçaient de s’effondrer et avec elles un système de libéralisation des échanges construit à la force du poignet au cours des 50 dernières années.

Une étude intitulée : « Commerce et chômage : que disent les chiffres ? », de trois économistes européens, publiée dans le journal European Economic Review de mars, pose franchement la question : le commerce international est-il créateur ou destructeur d’emplois ? Leur réponse est conforme à l’observation de Franklin, il y a 230 ans. « Une hausse de 10% de l’ouverture au commerce extérieur réduit le taux de chômage de 0,75 à 1% », concluent-ils. Plus précisément, ils trouvent qu’ « une augmentation de 10% fait baisser le taux du chômage de 0,76%. » Le commerce crée de l’emploi.

De façon générale, plus le volume du commerce international d’un pays est important, plus son degré d’ouverture est élevé. L’ouverture au commerce est généralement mesurée en additionnant la valeur des importations et des exportations et en divisant le tout par le Produit intérieur brut (PIB). Par exemple, si un pays importe chaque année pour un montant de 10 milliards de dollars, qu’il exporte pour un montant de 10 milliards également et que son PIB est de 100 milliards, son degré d’ouverture sera de 20%. Il sera de 30% pour un pays qui avec un PIB identique exporterait et importerait pour un montant total de 30 milliards.

Dans le cas des États-Unis, le PIB s’est élevé à environ 15 000 milliards en 2010. Ses exportations et importations cumulées s’élèvent à 4 000 milliards. Son degré d’ouverture est donc de 27%. Sans aller dans les détails, les auteurs de l’étude dérivent un index d’ouverture au commerce en tenant compte des différences de niveaux de prix entre les pays.

Les chercheurs comparent ensuite le niveau relatif d’ouverture au commerce des 20 pays de l’OCDE avec leur taux de chômage. Ils prennent aussi en compte des facteurs comme le taux syndicalisation, les politiques de l’emploi, les niveaux de taxes sur les salaires et la générosité des assurances chômage.

Ils montrent une légère corrélation entre la générosité de l’assurance chômage et un niveau de chômage plus élevé, corroborant l’idée que les individus ont alors moins d’incitation à rechercher activement un emploi.

Les auteurs analysent alors les effets d’un commerce plus libre sur une sélection de 62 pays. Ils prennent en compte des caractéristiques comme la taille du marché noir ou l’absence de littoral. C’est là qu’ils trouvent que l’ouverture au commerce international a tendance à favoriser l’emploi.

Comment expliquer cette tendance ? L’étude suggère que le commerce international en améliorant la productivité permet aux entreprises d’embaucher davantage. Une concurrence plus intense défavorise les entreprises les moins efficaces et permet à celles qui le sont de grandir. Comme l’efficacité moyenne des entreprises augmente, elles peuvent générer davantage de revenus en produisant plus. Et cela permet l’embauche de travailleurs.

Pour avoir une petite idée de ce que l’ouverture au commerce international peut apporter aux individus, des économistes de l’Institut Peterson à Washington ont calculé que la réussite des négociations du cycle de Doha pourrait augmenter le PIB mondial de 165 à 283 milliards par an.

Alors pourquoi tant d’individus, et en particulier tant de politiciens, sont-ils convaincus du contraire ? L’économiste français Frédéric Bastiat l’a très bien expliqué dans son essai « Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas ». Les gens ont tendance à sa focaliser sur les conséquences visibles d’une politique – dans le cas qui nous occupe, les emplois supprimés par la concurrence internationale. Mais, ils ratent les autres conséquences moins visibles et pourtant bénéfiques de cette concurrence, les emplois créés par l’amélioration de la productivité moyenne. Il est naturel que les personnes qui perdent leur emploi soient soucieuses et mécontentes et qu’elles appellent leur membre du Congrès pour se plaindre de cette concurrence « déloyale ». Ces membres, craignant à leur tour de perdre leur emploi, s’empressent de passer des lois visant à bloquer les importations ou à favoriser les achats de proximité.

La conséquence visible d’une telle dynamique politique est que quelques travailleurs parviennent à garder leur emploi alors que plus nombreux sont maintenant ceux qui n’en ont pas. De plus, les mesures protectionnistes nuisent à tous dans la mesure où on leur refuse l’accès à des biens mois cher et/ou de meilleure qualité venant de l’étranger.

Ronald Bailey


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