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21/1/09 Marc Mennessier
La ville de Toulouse, le département et         la région s’invitent au procès

Après la ville de Toulouse, la semaine dernière, les présidents du conseil général de la Haute-Garonne et du conseil régional de Midi-Pyrénées ont annoncé, ce lundi, que leurs assemblées allaient se constituer partie civile dans le procès de l’explosion de l’usine AZF qui s’ouvre le 23 février prochain.

Fait notable : aucune de ces actions en justice ne sera assortie de demandes d’indemnités supplémentaires. Il est vrai que les trois collectivités, toutes à majorité PS, ont déjà obtenu de la société Grande Paroisse, propriétaire de l’usine sinistrée et filiale de Total, des sommes substantielles au titre des réparations.

Les motivations sont d’un autre ordre. En entendant "démontrer" le soutien du conseil général "aux familles, aux sinistrés, à tous ceux qui ont souffert de cette catastrophe", le président du Conseil général, Pierre Izard, se place visiblement sur le registre du « compassionnel ». Plus laconique, la Région indique dans un communiqué qu’elle se contentera d’une simple « action vindicative. » Quant au maire de Toulouse, Pierre Cohen, il a fait part, le 14 janvier, lors de la présentation de ses voeux à la presse, de son souci de « connaître la vérité ». « En étant partie civile, je veux prouver que la ville ne se désintéresse pas de la vérité parce qu'elle a été indemnisée", a-t-il déclaré.

Mais une question vient tout de suite à l’esprit : pourquoi avoir attendu la veille du procès pour se lancer dans une quête aussi ambitieuse ? Elu lors des municipales de mars dernier, Pierre Cohen aurait été bien inspiré de prendre cette décision dès sa prise de fonction. Et que dire de ses collègues du département et de la région qui étaient déjà en poste en 2001 !

En effet, ce n’est pas en quelques semaines que les avocats des trois assemblées pourront prendre connaissance du volumineux dossier d’instruction relatif à la catastrophe : environ 7500 pièces cotées représentant plusieurs dizaines de milliers de pages de procès-verbaux et de rapports d’expertise scientifique d’une lecture particulièrement aride. A moins de se contenter de la lecture de « documents de synthèse » comme l’ordonnance de renvoi des deux juges d'instruction dont j’ai démontré dans mon livre les nombreux biais et qui, par-dessus tout, ne fournit aucune explication plausible de la cause de l’explosion.

Mais il est vrai que Pierre Cohen, semble avoir déjà sa petite idée sur le sujet. "Je pense que l’hypothèse retenue par le ministère public (un mélange accidentel de deux produits incompatibles) est celle qui correspond le plus à la vérité" , a-t-il déclaré mercredi dernier. Ne doutant ni de son honnêteté intellectuelle, ni de ses compétences scientifiques (il a longtemps travaillé au CNRS), je suis sûr que le maire de Toulouse changera vite d’avis lorsqu’il prendra le temps de se plonger dans le dossier. Mais en aura-t-il seulement le temps ?

Marc Mennessier

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