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8/5/18 Claude Reichman
     
          Avons-nous vraiment vaincu le nazisme ?

En ce jour du 8 mai, nous célébrons la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie, marquée par la capitulation de l’Allemagne le 8 mai 1945. Mais avons-nous vraiment vaincu le nazisme ?

Concernant le refus du racisme, c’est incontestable. Aucun Etat occidental ne s’en réclame, et les rares adeptes de cette doctrine haïssable sont poursuivis et condamnés par les tribunaux.

Il n’en reste pas moins que certains aspects du régime nazi (rappelons que « nazi » est l’abrégé de « national socialiste) restent étrangement présents dans le comportement de nos pays, et notamment en France. Pour Joseph Goebbels, l’un des principaux dirigeants nazis, « la vérité est l’ennemi mortel du mensonge et, par extension, la vérité est le plus grand ennemi de l’Etat ». Même si certains mettent en doute aujourd’hui l’authenticité de cette citation, elle n’en reflète pas moins la pratique constante du régime nazi. On n’en est que plus effaré d’en retrouver la manifestation systématique dans un pays comme la France.

Les Français considèrent dans leur ensemble que le pouvoir – quel qu’il soit – leur ment et n’ont en conséquence que très peu de confiance envers le gouvernement et les élus. Cela se manifeste notamment par le taux d’abstention sans cesse croissant aux élections.

Nos concitoyens ont-ils raison d’exprimer une telle défiance, et celle-ci repose-t-elle sur des accusations avérées ? Il est facile à chacun de le vérifier. Interrogez dans des milieux divers des personnes en qui vous avez confiance et demandez-leur si, dans le domaine d’activité qui est le leur, elles ont le sentiment que l’Etat dit la vérité aux Français. Vous vous exposez à récolter une vague d’éclats de rire. Personne ou presque, en France, ne pense que le pouvoir dit la vérité aux citoyens.

Pourquoi mentir ? Parce que le pouvoir se sait fragile et craint de ne pas pouvoir résister à la vérité. Et pourquoi est-il fragile ? Parce qu’il ment. La boucle est ainsi bouclée et l’on n’en sort pas.

Prenons le cas du monopole de la sécurité sociale. Nos lecteurs savent par les innombrables preuves que nous avons apportées que ce monopole a été abrogé par deux directives européennes en 1992, que celles-ci ont été intégralement transposées dans le droit français en 2001, et que depuis cette date l’Etat français refuse d’appliquer ces dispositions pour « sauver » la Sécurité sociale. Il le fait à coup de mensonges grossiers qu’une presse indépendante aurait eu tôt fait de démonter. Mais voilà, la presse française n’est pas indépendante, même si quelques journalistes courageux font honneur à leur profession. Comme leurs confrères ne les reprennent pas, leur courage se perd dans le sable du mensonge ambiant.

Une telle situation est grave pour le régime politique français. Pour l’éditorialiste Nicolas Baverez, « le soviétisme, après le nazisme, est mort de l’institutionnalisation du mensonge, érigé en dogme d’Etat que les peuples ont finalement fait voler en éclats ». C’est aussi le sort qui menace la Ve République. Celle-ci s’est donné, en la personne d’Emmanuel Macron, le parfait détonateur. Complètement fermé à la logique politique, ce brillant garçon ne voit pas que ses envolées lyriques se heurtent au spectacle des réalités, ni que ses proclamations européennes se heurtent violemment au refus obstiné d’en appliquer les règles.

En réponse à une question parlementaire sur le monopole, Mme Agnès Buzyn a fait une réponse qu’on ne peut guère qualifier que de tissu de mensonges. Bien entendu, Mme Buzyn n’était que le prête-nom du directeur de la sécurité sociale. Mais quand le gouvernement sera sanctionné par les instances européennes – qui viennent d’être saisies – c’est bien lui qui tombera, et non le directeur de la sécurité sociale.

Ainsi disparaissent les régimes, et même souvent les civilisations, dont Paul Valéry disait, en 1919, qu’elles « sont mortelles ». Avant d’ajouter : « Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie. »

Mme Buzyn, dont le père a été déporté, aurait dû se souvenir qu’on ne dîne pas avec le diable, même avec une longue cuiller.

Claude Reichman







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