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4/12/08 Jean-Michel Aphatie

     Un jour nous paierons la note, et                nous la paierons cher !

Tout à l’heure, à midi, le président de la République annoncera un plan de relance pour l’économie française. Les mots disent bien la situation : s’il faut relancer, c’est parce que nous sommes proches de la panne. Ne rien faire serait coupable. Il faut donc relancer. Et relancer comment, s’il vous plaît, quand on n’a pas d’argent ? En s’endettant. Pas moyen de faire autrement. Donc, il faut le faire. Et comment rembourserons-nous ? Voilà bien une question déplacée, qu’il est inutile, voire saugrenu, de poser.

Il y a longtemps, si longtemps, la politique était définie par la phrase suivante : gouverner, c’est prévoir. Les gouvernants sont incapables aujourd’hui, et on ne peut pas vraiment leur en vouloir, de prévoir. Ce qui est une autre manière de dire que nous ne sommes pas gouvernés mais ballottés par des évènements qui nous dépassent.

Au fond de l’action publique, il y a un état d’esprit qui la guide, la sincérité ou l’insincérité. Quand l’Etat français, constamment, depuis trente ans, a dépensé davantage qu’il n’a gagné, avec pourtant un niveau élevé de fiscalité, il s’est, en fait, enfoncé dans l’insincérité. Il l’a fait avec notre accord, celui des citoyens, accord tacite, accord implicite, mais aussi accord formel car plusieurs fois, au carrefour de l’histoire, le suffrage universel a désavoué les rares personnalités qui tentaient de s’approcher de la sincérité.

Les déficits publics ne sont pas un concept. Ils sont une philosophie du renoncement et de la démission, expression de la peur et du refus des épreuves. Ils ont été, en France, le choix politique de la communauté pour régler les problèmes immenses que posaient aux économies occidentales les chocs pétroliers des années soixante-dix. C’est à ce moment là que le mensonge s’est installé.

L’histoire n’est pas pressée. Seulement un jour, elle règle les comptes. La crise actuelle, plus grave dans son intensité que celle provoquée par les chocs évoqués, nous trouve démunis et fragilisés. Nous emprunterons encore pour tenter de passer le cap, nous creuserons encore des trous déjà béants. Mais nous savons déjà, ou nous devons savoir, qu’un jour nous paierons la note, et nous la paierons cher. C’est le lot, inévitable, des peuples qui ne sont pas gouvernés.

Jean-Michel Aphatie

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