www.claudereichman.com


Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme

A la une

17/12/08 Jean-Michel Aphatie
     L’islamisme radical pèse sur nous        comme une menace permanente.

Quand ? Où ? Comment ? Ce sont, hélas, les seules questions qui sont posées à la communauté française à propos du terrorisme. La politique étrangère de la France, ses alliances, son appartenance physique et culturelle à l’Occident, donc de manière définitive son identité même, l’exposent à ce danger.

Les faux explosifs étrangement déposés dans un magasin parisien, hier, rappellent cette évidence. Si tout, à l’heure actuelle, demeure confus à propos de cette histoire, chacun sait que de manière générale l’islamisme radical pèse sur nous comme une menace permanente.

Cette réalité légitime les interrogations sur quelques-uns des choix majeurs de la diplomatie française. La présence des troupes militaires en Afghanistan, dans le cadre d’une action menée par l’OTAN sur la base de résolutions des Nations-Unies, figure au premier rang de ces questions. Savons-nous encore pourquoi nous combattons dans ce pays lointain ? Ou l’avons-nous oublié ? Ce qui paraissait évident au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 l’est-il encore aujourd’hui ?

Indépendamment du fait que le message de revendication de l’action d’hier mentionnait spécifiquement la présence des militaires français en Afghanistan, pour en demander d’ailleurs le retrait, deux éléments précis renouvellent la pertinence de ces questions.
Sur le terrain, chacun constate une dégradation de la situation. L’activité militaire des Talibans est en constante progression. Elle perturbe, notamment, le ravitaillement des troupes de l’OTAN. Quelques actions spectaculaires dans des dépôts de matériel à Peshwar, au Pakistan, ou sur les routes qui relient ce pays à l’Afghanistan, témoignent de leur capacité d’intervention, de leur haut niveau d’armement et aussi de la reconstitution de leurs forces. Face à cet ennemi en progression, les militaires de l’OTAN, pour l’essentiel en ce qui concerne les troupes combattantes des Américains, des Britanniques, des Canadiens et des Français, perdent du terrain et constatent chaque jour une dégradation réelle de la situation.
 

Face à ce constat, c’est le deuxième élément, Américains et Britanniques ont décidé depuis déjà un certain temps de renforcer leur contingent opérationnel. Ce choix sera renforcé pour la partie américaine par l’orientation que devrait donner Barack Obama à sa stratégie militaire : désengagement d’Irak, renforcement afghan.

Le moment approche donc, sans doute au printemps, où les autorités françaises devront faire un choix et prendre une décision qui sera, dans tous les cas, difficile. L’augmentation des troupes par nos alliés posera de manière implicite d’abord, et explicite à un moment, la question de savoir si la France accroît ou non son effort, et donc sa présence en hommes et matériels sur le terrain.
 

La réponse à cette question ne peut procéder que d’une analyse des intérêts en jeu. Juge-t-on supérieurement importante la poursuite de la lutte contre les Talibans afin de les empêcher de reprendre le pouvoir en Afghanistan ? Quel but poursuivons-nous, nous, Français, en nous engageant dans cette lutte lointaine ? En quoi satisfait-elle des objectifs qui nous sont propres ?

Répondre à ces questions permet de déterminer alors le niveau d’engagement qui doit être le nôtre là bas, et aussi d’assumer ce qui en découle, c’est-à-dire une exposition accrue au terrorisme islamiste.
 

Invité de RTL ce matin, Hervé Morin, ministre de la Défense, a expliqué clairement que la sécurité de la France passait par une poursuite de la lutte contre les Talibans, force nourricière du terrorisme qui serait beaucoup plus dangereuse pour nous si elle pouvait s’appuyer à nouveau sur un appareil d’Etat qu’elle ne l’est aujourd’hui par les solidarités qu’elle suscite avec les groupes extrémistes. Cette analyse apparaît spontanément plus juste que la thèse inverse qui suggérerait que ce combat lointain n’est, finalement, pas le nôtre.

Mais alors, il faut en tirer une conclusion logique. Au point où nous en sommes, l’effort militaire, humain et financier n’a de sens que si l’on se donne les moyens d’atteindre l’objectif fixé, c’est-à-dire la victoire sur les Talibans, leur mise hors d’état de nuire. L’état actuel des forces ne le permettant pas, il nous faudra participer à leur augmentation. Y sommes-nous prêts ? Disons que pour l’instant, nous refusons d’analyser la perspective. S’il vous plait, encore un peu de temps...

Jean-Michel Aphatie

 

 
Accueil | Articles | Livres | Agenda | Le fait du jour | Programme