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13/10/09 Jean-Michel Aphatie

Le désordre des finances publiques a fait sortir François Fillon de sa tanière !

Ce matin, François Fillon était l’invité de RTL.

Pourquoi le premier ministre est-il venu ce matin ? Poser la question peut paraître étrange aux lecteurs. Mais si la question se pose, c’est que la réponse n’est pas évidente.

En fait, c’est le désordre qui a fait sortir le premier ministre de sa tanière, ce matin. Pas le désordre que provoque la polémique liée à Jean Sarkozy, ni même les dernières mèches du gros bazar mitterrandien, et même pas les rumeurs persistantes, insistantes, récurrentes, de démission du premier ministre. Non, c’est le désordre fiscal qui inquiète le chef du gouvernement, le gouvernement, la majorité, le président de la République, l’Europe, le monde, l’univers, la galaxie et jusqu’au trou noir où se perdent les astéroïdes venus de la sixième dimension, celle où la main de l’homme n’a pas encore pointé le bout de son nez. C’est dire si ce désordre là est grand.

Posons les bases du propos. Prenez un candidat à la présidence de la République qui promet des baisses d’impôts, qui assure ensuite, une fois élu, qu’au moins les impôts n’augmenteront pas - sinon prenez quelqu’un d’autre, a-t-il dit un jour d’un revers de main souverain - et qui nonobstant – ce qui est quand même le mot le plus con de la langue française - vous invente vingt taxes en trente mois. De quoi mettre un sacré souk quand même. La dernière, dite taxe carbone, demeure incomprise par le plus grand nombre. Quant à la modification de la taxe professionnelle, elle est si complexe que même le placide Alain Juppé a jugé qu’on « se fout du monde ».

Pour avoir une vision d’ensemble du tableau, il faut encore préciser qu’il ne s’agit pas ici d’un oubli des promesses, ou d’une perversion particulière qui pousserait les dirigeants de l’exécutif à imaginer une nouvelle taxe toutes les six semaines, record mondial sans doute. Non, le fond de sauce est ailleurs, dans le désordre absolu des finances publiques, dans l’incapacité où se trouve l’exécutif, quoi qu’il en dise, à maîtriser la dépense publique, c’est-à-dire à la réorienter. Depuis trente ans, les dépenses s’empilent sans que jamais leur efficacité soit revisitée. Tous les pouvoirs se sont créés ainsi des clientèles au demeurant infidèles qu’il ne faut pas fâcher, à défaut d’avoir la certitude de les fidéliser. Du coup, chaque nouvelle dépense, rendue nécessaire par l’évolution des temps qui bougent remarquablement vite dans cette période, suppose, appelle, oblige à la création d’une nouvelle taxe. Et trop, c’est trop. Beaucoup sont largués, presque tous sont fâchés. Donc il faut expliquer, et expliquer encore.

C’est ce qu’est venu faire le premier ministre. Oui, la taxe carbone est indispensable parce que bientôt nous n’aurons plus de pétrole. Si vous avez bac plus 22, c’est lumineux. En dessous, c’est brumeux. Oui, il faut modifier l’assiette de la taxe professionnelle, à cause de la Chine et de l’Inde. Il y a deux siècles, à ceux-là, on leur aurait déclaré la guerre. Maintenant, on n’ose plus. Alors, on taxe.

Le premier ministre a-t-il convaincu ou pas ? En tout cas, l’homme a quelque chose d’honnête et de solide qui semble dire, si l’on se rapporte à la tristesse de son regard, qu’il fait ce qu’il peut, comme il peut. Il est vrai qu’à la place qui est la sienne, coincé en haut, gêné en bas, ennuyé dans les Hauts-de-Seine et perturbé dans la Culture, guetté très certainement par d’autres catastrophes à venir, rien n’est facile, rien n’est acquis.

Comme il l’a dit lui même ce matin sur RTL, il ne sera pas tout le temps premier ministre.

Jean-Michel Aphatie

Cette chronique, comme toutes celles que nous publions de cet auteur, est issue de son blog. Elle n’implique pas de sa  part une adhésion aux diverses idées exprimées sur notre site. Il s’exprime ici en toute liberté et en toute indépendance, de même que les nombreux auteurs que nous avons l’honneur d’accueillir et qui témoignent de la vigueur maintenue de la pensée française. Une vigueur dont la prévalence de la pensée formatée pourrait faire douter, mais dont les manifestations de plus en plus éloquentes permettent aux démocrates de notre pays de ne pas désespérer de son avenir.

Claude Reichman

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