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15/5/09 Jean-Michel Aphatie
Etat d’urgence sur les finances publiques françaises

Banalités de fin de semaine. Le produit intérieur brut de la France s’est contracté de 1,2 % au premier trimestre 2009. Statistique établie par l’Insee, hélas pas une surprise, et qui fait dire à Christine Lagarde, dans un premier commentaire, que finalement la contraction de croissance en France, tout au long de l’année 2009, ne sera pas de 1,5 % comme prévu par le gouvernement, mais de – 3 %.

Cela, nous le savions déjà, et depuis un moment. Les seuls qui ne le savaient pas, pov’ choux, ce sont les parlementaires, députés et sénateurs, qui ont voté, il y a moins d’un mois, une prévision budgétaire dépassée, avec des recettes du coup surévaluées, et un déficit du coup minoré. On l’avait pourtant écrit, mais les parlementaires ne me lisent pas. Dommage. Remarquez, si moi je l’ai écrit, que le gouvernement sous estimait le choc de la crise, c’est bien parce que je l’avais lu ailleurs, que d’autres l’avaient dit. Mais sans doute les parlementaires français, qui font plein d’autres choses à côté - je ne sais pas si vous le savez - n’ont-ils ni lu ni entendu ce que disent depuis des semaines plein de gens, des économistes, des analystes, j’en passe, et pas des meilleurs : le gouvernement français vit avec des lunettes roses, dans le déni du choc économique que nous sommes en train de vivre.

Imaginons donc le gouvernement un peu plus lucide, ce matin, sous l’effet des chiffres de l’Insee. Plusieurs questions demeurent, si du moins l’on veut bien considérer que les parlementaires, députés et sénateurs, doivent représenter le peuple dans leur fonction et non pas se contenter des demi-vérités gouvernementales.

Par exemple, dans le quatrième collectif budgétaire que les élus de la Nation ont voté - espérons qu’avant le douzième ils se rebifferont un peu - le gouvernement prévoyait 104 milliards d’euros de déficit budgétaire. Avec la chute des recettes que va entraîner la perte de croissance annoncée, à combien désormais le gouvernement va-t-il situer ce déficit ? Lui posera-t-on au moins la question ? 120 milliards d’euros ? Davantage ? Et que compte-t-il faire face à cette spectaculaire dégradation des comptes publics ? Rien ? Quelque chose ? Et dans ce contexte de dégringolade historique des finances publiques, comment va-t-il préparer le budget 2010 ? Et les suivants ? Quelles mesures compte-t-il prendre pour tenter d’amortir ou de limiter la descendante aux enfers ? Compte-t-il en prendre d’ailleurs ? Ou bien continuera-t-il de s’abriter derrière la soi disant Revue générale des politiques publiques (RGPP) qui permet d’économiser quelques centimes d’euros sur les gommes et les crayons mais qui ne correspond en rien aux défis de la tempête que nous traversons ?

S’il existait un parlement en France, c’est-à-dire des élus qui n’auraient pas l’embarras d’un mandat local en tête, mais uniquement l’intérêt d’une Nation à l’esprit, ils ne jugeraient pas crédible le discours gouvernemental répété et réitéré d’un refus d’augmentation des impôts, qui n’est ni sincère, ni acceptable. Ou bien alors, ces parlementaires qui n’existent pas en France pourraient tirer le constat d’une inertie gouvernementale grave et préoccupante pour le futur immédiat du pays.

Si un parlement existait en France, il décréterait, au vu des chiffres matinaux de l’Insee, l’état d’urgence sur les finances publiques françaises, déjà désordonnées avant la crise, et désormais en voie de délabrement grave sous ses coups de boutoir. Au lieu de cela, chaque député et chaque sénateur entame son week-end qui n’est pas, non, un week-end de farniente mais un week-end de travail pour ces représentants de la Nation qui sont en réalité et avant tout, des élus locaux.

Jean-Michel Aphatie

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