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1/6/09 Jean-Michel Aphatie
          La construction européenne est un échec

La campagne électorale, poussive, entre dans sa dernière ligne droite. Les sondages se succèdent, tous mornes, mais pas sans enseignements. Dimanche 7 juin, nos députés européens seront renouvelés et on a peine à imaginer qu’une armée fringante de parlementaires, munie de la bannière tricolore, va investir le parlement de Bruxelles.

Peut-on déduire du constat de lassitude que provoque cette campagne un désintérêt des Français pour l’Europe ? Sans doute pas. Il faudrait plutôt mettre en cause le mode de désignation des députés, trop calqué sur les schémas nationaux, alors même que la construction européenne est singulière et atypique, dans l’espace européen qui est le sien.

L’Europe, aujourd’hui, est un agglomérat de nations. Ainsi, dans l’esprit public, les dirigeants de chaque pays sont légitimement regardés comme les véritables dirigeants de l’Europe. Il est difficile, pour ces citoyens européens, même informés, d’attacher une très grande importance à l’élection de députés certes pas démunis de pouvoirs, mais qui souffrent tout de même d’une légitimité inférieure aux chefs d’Etat et de gouvernement. A l’évidence, l’intellectualisation de leurs rôles, notamment par les médias, ne suffit pas à combler ce déficit.

Observons chacun des pays européens. On constatera facilement qu’aucun leader important ne brigue un mandat de parlementaire européen. Les meilleurs dans chacune des sociétés du continent, ou bien les plus charismatiques, ou bien encore les plus populaires, se réservent pour des mandats nationaux. C’est ici que l’on constate le vice fondamental de la construction européenne, sa limite, un peu désespérante à vrai dire.

A l’origine, car il faut en revenir là, l’Europe a été conçue pour un petit nombre de pays comme un objectif de dépassement des identités nationales. Pour des raisons historiques diverses, ce but-là n’est plus poursuivi aujourd’hui. On pourrait même dire que l’on s’en éloigne chaque jour un peu plus, tant le repli de chaque communauté de l’Europe elle même apparaît comme une évidence. Dans ces conditions, tenter de donner corps à une conscience européenne au travers de son parlement apparaît une démarche plus volontariste que réellement en phase avec la réalité des intentions des gouvernants et la conscience des gouvernés.

Ces élections et le peu de ferveur qu’elles suscitent le montre : la construction européenne est davantage qu’en panne. Elle est un échec car plus personne n’est capable de lui donner un but. L’utilité de l’Europe, donc de l’union des peuples d’Europe, est une évidence. Elle continuera donc à vivre comme elle le fait aujourd’hui, dans la technicité et la confusion. Et ce n’est pas cela, évidemment, qui peut susciter de l’enthousiasme.

Jean-Michel Aphatie

 

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