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22/5/09 Jean-Michel Aphatie
                Descente aux enfers

Rien n’est satisfaisant dans le débat qu’a lancé hier, Xavier Darcos, ministre de l’Education, devant la PEEP (Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public) réunie en congrès à La Rochelle. Pour tenter de prévenir les actes violents dans les établissements scolaires, il a proposé l’organisation de fouilles des élèves et de leurs cartables dans les collèges et les lycées.

Spontanément, la raison repousse cette perspective. Et plusieurs enseignants, interrogés depuis l’annonce ministérielle, ou syndicalistes, ou spécialistes des affaires scolaires, ou parents, ou élèves, tous jugent la proposition saugrenue. Difficile d’imaginer, en effet, le prof de maths, celui de sciences naturelles, ou de français, palper les corps et vider les sacs à l’entrée de l’établissement scolaire comme le font les douaniers dans les aéroports ou les policiers dans les commissariats.

En même temps, la critique porte en elle le renoncement et l’impuissance, ce qui n’est ni séduisant, ni au fond acceptable. Ceux que l’on entend, parfois avec pertinence, réduire à rien la proposition ministérielle ouvrent la porte, sans le vouloir s’en doute, à un esprit de fatalisme et à un comportement de renoncement. Faut-il donc renoncer à surveiller, prévenir, contrôler ? Ou bien alors confier la tâche de la fouille à d’autres personnes, étrangères à l’établissement scolaire et au monde de l’éducation ?

Mais que dit d’elle même une société qui est en train d’imaginer fouiller ses adolescents aux portes des écoles républicaines ? Quelle descente vers les enfers signale cette réflexion ? Quelle dégradation des moeurs, quelle perte de repères, signale-t-elle ?

Depuis 2002 au moins, sous des impulsions diverses, mais par des auteurs repérés, le débat sur la sécurité se trouve au coeur des préoccupations publiques. On a même cru comprendre que des actions étaient menées, des lois votées, dix-sept sur le thème de la sécurité en sept ans, des promesses faites de nettoyage en profondeur des cités. Et qu’entendons-nous ces jours-ci ? Qu’à la périphérie des villes, certaines cités françaises sont devenues des « supermarchés de la drogue » (formule de Michèle Alliot-Marie), que nos écoles se transforment en coupe-gorges, bref que l’insécurité progresse, à tout le moins qu’elle est très loin de régresser.

Est-il possible qu’il y ait eu beaucoup de bruit pour pas grand chose durant ces dernières années ?

Jean-Michel Aphatie

 

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