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25/11/08 Jean-Michel Aphatie
                   C’est le bazar !

Vieille actualité!

Retour du projet de loi réformant l’audiovisuel public. La fin de la publicité, pour parler clair. Étonnant pays dont les finances publiques sont moribondes après 30 années de déficit consécutif et qui se propose désormais de financer sur son budget la perte de ressources publicitaires pour la télévision publique. Chacun sait pourtant qu’en matière de financement de ses propres outils, l’Etat n’a pas de constance. Les lois de programmation militaire en sont un bon exemple, et pourtant, l’armée, bon sang de bois, on ne rigole pas avec l’armée.

Généralement, la législature démarre sabre au clair. Le ministre de la Défense qui vient de s’installer promet qu’avec lui ce ne sera pas comme avec son prédécesseur. Les milliards promis seront au rendez-vous, parfois il crache par terre pour bien montrer sa détermination. Et puis le temps passe, on oublie, c’est ça le problème, on oublie, tout le monde oublie, les journalistes parce que cela les arrange, les autres parce qu’ils ont autre chose à faire, et quand on fait les comptes, il manque un paquet de milliards dans la caisse des militaires.Je serais général, je n’aimerais pas ça. Mais en même temps, que voulez-vous qu’il fasse, le général ? Qu’il fasse chauffer les tanks, direction l’Elysée, le mot d’ordre : on veut notre pognon ! Non, il se tait le général, il bout sous la casquette, mais il se tait.

Petite digression pour illustrer mon propos sur la télévision publique. Aujourd’hui, le gouvernement assure qu’il versera 450 millions d’euros à France Télévision. Mais demain, il oubliera. Il est impossible de situer le demain, mais l’oubli, on est sûr. L’Etat n’a pas de suite dans les idées, pas parce qu’il est mauvais, mais parce qu’il n’a pas d’argent, parce qu’il est impécunieux, parce qu’il est fauché, parce qu’il est ruiné. Je sais bien que ça agace certains des fidèles blogueurs, mais c’est la vérité vraie et simple, constatable par tous et constatée mille fois déjà. Personnellement, la notion même d’Etat stratège me fait beaucoup rire pour cela, parce que l’Etat souvent navigue à vue, promettant un jour, reprenant le lendemain, souverain toujours et inconstant aussi. Vous doutez ? Ca vous énerve de lire cela ? Regardez donc dans quelle panade se trouve l’hôpital public. Et la Poste, à qui il manque trois milliards ? Et la magistrature, qui vit avec des bouts de chandelles ? Et les prisons, dont l’insalubrité devrait nous indigner ? Et l’armée, donc ?

Ce sera pareil pour la télévision publique. Livrée au seul financement de l’Etat, elle va se paupériser. C’est aussi sûr que un et un font deux et que la réunion de deux socialistes produit de la chamaillerie. Des lois de la nature en quelque sorte. La seule manière d’assurer une ressource stable à la télévision publique, c’est l’augmentation de la redevance. Mais cela, le gouvernement n’en veut pas. Certains théorisent ce refus. Il s’agirait d’avantager la télévision privée, et notamment TF1, emblème et symbole de la télévision privée et de l’amitié présidentielle réunies. Ceux là se trompent. Ils accordent au pouvoir beaucoup trop de duplicité, de calculs, alors que souvent les choix sont fait à la godille, sans prévision ni projection, dans un amateurisme confondant.

Il a souvent été écrit ici que cette réforme de l’audiovisuel avait été programmée dans la précipitation et l’improvisation, à marche forcée, sans réflexion, sans anticipation, en bref n’importe comment. On a déséquilibré un secteur uniquement parce que lors de cette funeste conférence de presse présidentielle du 8 janvier dernier, la première du quinquennat et à ce jour la dernière, le président n’avait rien à annoncer. Alors le président a annoncé la fin de la pub à la télévision publique. Et les journalistes politiques, qui ne sont pas les derniers des ânes, ont crié au génie. J’arrête la démonstration, sinon Thomas Hugues et Emmanuel Berretta, mes nouveaux amis, vont dire que je prends la grosse tête.

Bon, en résumé, cette réforme, c’est le bazar. Les manifestants n’y changeront rien.
Vieille actualité toujours, le parti socialiste. On attend le nouveau chef. Après des mois de débats d’idées d’une intensité et d’une qualité qui a échappé à tout le monde, voilà l’odieux temps du débat de personnes. Horreur, horreur, horreur ! Nous attendons donc le verdict de la commission dite de récolement, recollement et racollement réunis. Insoutenable attente. Ensuite, verdict du Conseil national et proclamation des résultats. Pendant ce temps, novation dans la procédure de désignation d'un chef de parti, une escouade de juges se prépare à investir Solferino à la demande de l’une des deux parties.
La France est un beau pays, quand même.

Jean-Michel Aphatie

 

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